SPELEOLOGIE :
Les perspectives d’explorations
1- Le réseau du Lirou - Lez
Nous définissons
la spéléologie du réseau du causse Viols-le-Fort – Cazevieille intéressant
le réseau du Lirou comme suit :
- en amont : un axe principal
grossièrement est–ouest dont l’amont se situerait sur le trajet même de
l’anticlinal du Pic Saint-Loup jusqu’au col de la Croisette et qui
engloberait le bois de Sauzet - le bois de La Jasse – la plaine de Seuilles.
Ensemble s’infléchissant vers le bois de l’Ane. Une très forte
concentration de cavités caractérise cette région ainsi que de nombreuses
pertes et effondrements. Il s’agit d’un des secteurs du causse, avec le
bois de l'Abric, où
l’érosion est la plus manifeste. Cavités phares sur ce trajet :
grotte de la Fausse-Monnaie, aven de la Fortune, aven des Nymphes.
-
au centre :
un secteur localisé entre les ruines de
Calages (limite sud-sud-ouest), le "relais des chênes", Matte Redonde, la Taillade de Chaillié
rabattu vers l’aven de la Baraque. Possibilité d’un delta avec la branche du
boulidou des Matelles concernée
par le bois de Valène. Cavités phares : avens de la combe de Ratouyre,
avens de la bergerie des Tribes.
- au
sud : un axe nord-nord-est – sud-sud-ouest englobant la base même des
ravins méridionaux du pic Saint-Loup, le secteur de la Figaréde, le
Rendauduc, le bois de l’Olivier convergeant vers le ravin de la Déridière
où un delta en relation avec la faille de Corconne pourrait connecter le
réseau du Lirou sur l'aquifère du Lez. Cavités phares :
avens de Peyrebrune, aven Denis, évent de Caucolières.
En ce qui
concerne cette région la plus explorée spéléologiquement et qui trouve son
exutoire principal à l’évent du Lirou (village des Matelles), l’évent de la Caucolières nous renseigne quant a la morphologie aval des cavités de ce causse.
Il s'agit de très gros conduits (10m x 10m en moyenne) divaguant à mois
de 50 mètres sous la surface du causse et 35 mètres du lit des
ravins qui cisaillent l'appendice sud du causse. La configuration en
"delta" des galeries du Lirou donne une bonne indication sur la mise en
pression de ces galeries qui vidangent à elles seules plus de 15m3 seconde en crue.
A partir de
l’aven de la Baraque il est supposé par bien des explorateurs qu’un gros conduit axial
vidange le transit des eaux de la nappe karstique du causse vers le Lirou.
Sur l’aval de ce
système, le boulidou des Matelles reste à interroger. Sa topographie
montre clairement qu’il se trouve au point de convergence d’un delta dont
la branche ouest réserve d’importants prolongements spéléologiques inconnus en direction du
bois
de Valène. Ce vaste secteur du causse (plus de 15 km2) que l’on peu classer de pratiquement
vierge, eu égard le peu de cavités qui y sont recensées présente un
important potentiel à découvrir. Il faudra
cependant franchir l’important siphon (peu de chances cependant) de cette
cavité, regard sur
l’important réservoir karstique de ce massif, ou bien porter les
recherches dans le secteur pratiquement vierge de la bergerie des Tribes. Un secteur peu
prospecté où les quelques cavités connues sont temporairement occupées
par une nappe de CO2 (côte -60m).
Comme nous
le précisons par ailleurs l’énigme la plus intéressante de ce causse
est liée à sa relation possible avec l’aquifère de la source du Lez (2) et
au rôle de tampon exercé en très hautes eaux par l’évent du Lirou et son
cortège amont d’exutoires (1). Les résultats des colorations de la grotte
de la Fausse-Monnaie ont montré la relation de l’aven de la Baraque avec
la source du Lez en moyennes eaux., aven phare dont le rôle de cheminée d’équilibre sur
les deux réseaux est possible.
La question
du Lez : Un "collecteur" entre l'aven des Nymphes et Matte Redonde
La question
spéléologique principale qui se pose consiste à considérer que des apports issus
d’une branche encore inconnue de l'évent de Caucolières pourrait se développer vers
le nord-nord-est. Branche guidée par un accident majeur paralléle à la la faille de Corconne
qui barre le causse dans sa partie méridionale. Cette interconnexion pourrait se faire au
niveau d'un collecteur spéléologique principal rassemblant plusieurs
affluents. Ce collecteur rassemblerait la branche de l'aven de la
Baraque (bois de l'âne, bois de l'Olivier, Valène), une branche issue du bois de Sauzet (secteur de la grotte de la Fausse-Monnaie), une branche issu de
la capture amont du ravin de la Deridière (plaine de Seuilles). Cette
interconnexion expliquerait selon la nature des crues du système les
différents types de mises en charge constatés aux différents exutoires
échelonnés le long des ravins de la Déridière ou axés sur ce dernier. Le
réseau de débordement du Lez guidé par la faille de Corconne vers ce
collecteur restant une possibilité. Cette théorie se pose en
raison des résultats des colorations de la grotte de la Fausse-Monnaie
qui attribue à la source du Lez le point de sortie principal du causse. Il y
a lieu de penser que la charnière hydrogéologique et spéléologique qui
concerne cette liaison avec le Lez, bien que signalée passant par l'aven
de la Baraque, s'effectue à partir de la branche de la plaine de Seuilles concernée par ce collecteur. Sur le plan spéléologique il
apparait évident de concentrer toutes les recherches sur ce secteur
marqué par de nombreux effondrements et une très forte concentration de
cavités (coteau de Las). L'environnement proche de l'aven des Nymphes
nous parait tout indiqué pour accéder à ce collecteur de grande
importance et clé majeure des investigations du système du Lirou.
Fonctionnement du système à l'étiage :
( voir hydrogéologie)
- Drainage du causse par un réseau de conduits (branches)
axées sur le collecteur de la plaine de Seuilles, point bas de la nappe
karstique généralisée en relation profonde avec la faille de Corconne.
Possibilité d'exploration de ce réseau en période de sécheresse extrème.
(+/- 30 m de hauteur de réseau exondé maximum). Le drainage s'effectuant
vers la source du Lez.
Fonctionnement du système en Hautes-eaux :
Plusieurs "phases" sont possibles :
- Première phase : Drainage diffluent vers la source
du Lez limité à la nature des apports du causse et de l'état de la nappe
en réseau connectée à la faille de Corconne. Mise en charge de
l'évent du Lirou. L'exploration du réseau est impossible.
- Deuxième phase : Les apports du causse liés à des
précipitations locales soutenues ne suffisent plus à l'évent du Lirou
pour contenir les venues (plaine de Seuilles et bois de Valène) qui
refluent vers l'amont et contribuent en mettre en charge dans l'ordre le
boulidou des Matelles, les évents de Caucolières. La nappe en réseau
dépasse le seuil des 35 mètres de mise en charge.
- Troisième phase : Selon la nature et l'extension
des précipitations, le processus de crue peut être
accentuée par un reflux diffluent de la source du Lez par
l'intermédiaire de la faille de Corconne laquelle contribue à la mise en
charge des têtes du réseau hydrographique des ravins de la Déridière par
débordement du seuil général de l'aquifère karstique.
LES CAVITES
"cibles" DU CONTEXTE (voir aussi "Cavités")
La grotte de la
Fausse Monnaie :
Cette cavité
occupe une position stratégique dans le secteur du bois de Sauzet, région
située sur l’anticlinal (arrête ouest) du Pic Saint-Loup et la plus en
amont du causse.
Le réseau
inférieur de cette cavité "phare" est constitué par un beau méandre au
fond duquel cour un ruisseau péren (2 à 3 l/s).
Un puits diaclase de 10m délicat en "boîte aux lettres" donne accès à une petite
salle argileuse (salle des bottes) au point bas de laquelle le ruisseau disparaît
dans un chaos de
blocs recouverts d'argile. Le courant d'air est présent, signe de
possibles prolongements.
L’aven de
Peyrebrune n°3 (sud-est de Cazevieille)
Cet aven situé
en tête du grand chevelu de ravins qui converge vers la Déridière nous
paraît occuper une position stratégique. Il est à classer parmi les
cavités Plio-quaternaire de genèse récente. Il peut concourir à pénétrer
l’amont du réseau épiphréatique de l’avant causse qui trouve son débouché
au Lirou voire mieux éclairer l’énigme qui entoure ce secteur du causse
quant à sa relation avec le karst noyé profond (zone Bathyprhréatique) de
la source du Lez.
L’aven Denis
(sud de Cazevielle)
Aven
stratégique, car comme nous l’avons signalé situé entre les deux points
extrêmes Baraque-Boulidou de Coucolières. Le seul à dépasser avec l'aven
de l'Aspro la côte des
-25 dans ce secteur du causse où ne sont connues que des cavités
Mio-Pliocène : grottes des Petits
Murs, aven Albert, aven du Berger, cavités dont les planchers calcités sur
support argileux encroutés
(limite du karst-Mio-Pliocène) sont calés vers la côte -25 environ. C02 et
courant d’air alternent cependant dans ces cavité comme dans bon nombre de
cavités du causse.
L'aven de l'Aspro (bois des Moines)
Cette cavité est atypique de la partie
méridionale du causse avec la perte du ruisseau-chemin (aujourd'hui
détruite par le passage d'un bulldozzer) criblée de cavités fossiles. Son
positionnement et surtout sa
morphologie de perte compte parmi les cavités les mieux indiquées pour
donner accès et court-circuiter les galeries amont du boulidou de Caucolières. Sa
position en rive gauche du ravin de Caucolières, à quelques mètres
du plis central de ce dernier, lui confère une relation très probable avec
cette cavité. Une désobstruction s'impose malgré le CO2 (non permanent) qui rend
les travaux difficiles et périlleux..
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photo : Le
secteur de Matte Redonde (DC) . Pendage favorable au réseau amont de
l'évent de Caucolières.
2 - Le
réseau des Fontanilles (bassin versant Hérault)
Les recherches
sur ce système se concentrent en général sur le secteur le plus dense en
cavités situées entre le réservoir de la Pourcaresse au nord, et le
chateau de Cambous au sud-sud-est (Viols-en-Laval).
Les innombrables
cavités qui truffent ce triangle (plus de 150) font oublier bien d’autres secteurs du
causse tout aussi intéressant pour la prospection. On y perd d’ailleurs de
vu la question essentielle posée par la coloration de l’aven Vidal et ses
conséquences sur l’exploration des cavités du bois de Cambous (avens de la Pourcaresse,
aven Vidal, aven NW du bois de Cambous,
aven de Roussière) cavités située sur le prolongement axial est-ouest de
l’anticlinal du Pic Saint-Loup.
Important enjeu,
car il concerne un réseau de plusieurs kilomètres de potentiel eu égard la
distance entre point de perte et résurgence, la coloration de l’aven Vidal
serait très intéressante à reprendre avec une surveillance ciblée des
évents situés en rive gauche de l’Hérault et plus particulièrement celle
de l'évent
de la combe du Rastel situé en amont de la résurgence des Fontanilles.
La coloration effectuée à l'aven Valette (V. Durand) a démontré la relation de cet
aven avec la bordure du karst de la cuvette de Saint-Martin. Cette
coloration pose d'ailleurs problème car en concurrence contradictoire avec la
coloration effectuée par H. Paloc à la perte de Saint-Martin.
Dominante axiale
de l’anticlinal du pic Saint-Loup : guide majeur des eaux souterraines vers
la résurgence des Fontanilles.
L’aven Vidal et
son secteur (bois de l’Abric) sur lequel se concentre un nombre importants
de cavité est loin d’être inintéressant. Cette cavité est très proche
(moins de 1500 m à vol d’oiseau) de la bordure du bassin de Saint-Martin
de Londres et de la flexure anticlinale du Pic Saint-Loup qui franchit le
secteur du mas du Bouis et par extension traverse en écharpe la montagne de la Selette.
L'axe d’alignement des cavités : aven de la Pourcaresse, aven NW du Bois de
Cambous, aven Vidal, avens de Roussière paraît offrir une piste de
recherche quant à la mise en valeur d’un drain probablement majeur axé sur
la résurgence des Fontanilles. Le faible
dénivellé entre le point de perte de l'aven Vidal et cette résurgence (77 mètres environ)
est assez comparable à celui du Lez (entre le siphon de l’aven de la
Baraque et l’entrée du Grand Boulidou). On peut donc à priori penser que
ce réseau en présente les mêmes caractéristiques et qu’il est donc explorable
selon la même configuration. Mais la distance quant à elle beaucoup plus importante
(10 km) limite cette possibilité. Du moins pour la partie
concernée par le bois de l’Abric, le Devois des Bœufs c'est-à-dire la
région du causse Viols-le-Fort que nous décrivons ici.
Il y a lieu
toutefois ne point sous estimer la fusion de ce réseau calé sur
l’anticlinal du Saint-Loup avec la montagne de la Celette car, bien que
ayons volontairement divisé dans cet ouvrage le causse Viols-le-fort–Cazevieille
de ce dernier massif, il est évident que ces deux unités karstiques sont
interdépendantes et totalement fusionnelles sur le plan spéléologique.
On portera
cependant une attention particulière à la région du bois du Patus et à
l’enchevêtrement de combes et ravins qui marque son versant méridional. Ce
secteur dans le prolongement de l’anticlinal du Saint-Loup détient très
certainement une des clefs principales amont du drainage vers la résurgence des Fontanilles. On y recherchera un point de perte (temporaire ?) pour y
procéder à une coloration en période d’étiage.
Maurice
Gennevaux précurseur de la spéléologie régionale sur le causse de Viols en route
pour l'exploration du causse de Viols...
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