Cet ouvrage de 79 pages publié en 1986 par le CLPA dans la série "Explokarst"est actuellement épuisé et non réédité. Nous vous proposons ici l'intégralité de ce dernier. 1- Les Monts de Saint-Guilhem, un site et un contexte exceptionnel - Géologie- Morphologie - Tectonique, Aperçu Hydrogéologique. 2- La Grotte du Sergent (Accès, description détaillée de la cavité. Hydrogéologie du système du Sergent, Morphologie etc...) 3- Le Grand Boulidou du Sergent (Historique, Description détaillée, les perspectives d'exploration) 4- La Grotte du Sergent : grotte école : Les caractères de la cavité, méthodes à utiliser, pédagogie....
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Chapitre I LES MONTS DE SAINT - GUILHEM UN SITE ET UN CONTEXTE EXCEPTIONNEL ORIENTATION CARTOGRAPHIQUE
* Accès routier : - Carte Michelin No 83, pli 6 (pointage de la cavité faux) - Carte I.G.N Touristique au 1.100.000 No 65 (pointage faux) * Accès pédestre : - Carte I.G.N. au 1/25.000, Le Caylar 7-8 et Lodève 3-4 - Carte I.G.N au 1/25.000, nouvelle édition (pointage faux) - Carte des Monts de Saint-Guilhem-le-Désert au 1/20.000 par J.COUDERC in « Saint-Guilhem-Le-Désert et sa région » (voir Bibliographie en fin d’ouvrage). De Montpellier, prendre la N 109 direction Lodève jusqu’à Gignac dans ce village et continuer vers Lagamas par la D9, puis vers Saint-Jean-de-Fos par la D4 Sortir de Saint-Jean-de-Fos par la D4 et prendre la direction de Saint-Guilhem- le-Désert qui n’est plus qu’à 3 km. (Voir accès de la Grotte du Sergent dans le chapitre concernant la cavité)> LE PAYSAGE La
région des Monts de Saint-Guilhem-Le-Désert est située à l’extrémité
méridionale
du Causse du Larzac, au pied
du mont Saint-Baudille (Alt.
:848 m)
où
elle constitue à ce niveau une succession de gradins altimétriquement
décroissants,
véritables amphithéâtres étagés au regard des Gorges
de l’Hérault
et
de la plaine de Saint-Jean-de-Fos
Entre
la plaine des Lavagnes (ou de Lacan) (où ses limites Nord-Est-Sud- Beaucoup plus au Sud-Ouest de cet ensemble, deux importantes échancrures ( Cirques du Bout du Monde et de Brunan), vastes reculées karstiques ceinturées par de hautes falaises abruptes, ajoutent au paysage décrit, déjà fort imposant, une note pittoresque incomparable. C ’est dans la plus verdoyante d’entre-elles, arrosée par le petit ruisseau du Verdus, que se blottit le village de Saint-Guilhem-le-Désert, haut lieu historique, dont l’esthétique parfaite apporte une note supplémentaire au cadre remarquable qui l’environne. Afin de parfaire cet ensemble d’une architecture et d’une pureté de lignes rares, les Gorges de l’Hérault, taillées à l’emporte-pièce dans la masse calcaire dolomitique, laissent glisser les eaux capricieuses de leur fleuve vers la plaine qu’il rejoint rapidement au « Pont du Diable », à deux pas de la célèbre Grotte de la « Clamouse » Cette région que l’on a tendance à magnifier par la présence en son sein de l’abbaye de Gélonne et qui attire en période estivale de nombreux touristes venus parfois du monde entier est aussi et surtout le domaine de la nature. Sa morphologie très accidentée, et de ce fait son accessibilité peu évidente pour le promeneur non averti, lui confèrent, au sein de l’arrière-pays Montpelliérain,le statut de région « préservée » dont l’appréhension parfaite exige effort et assiduité. Sillonnée par de très nombreux sentiers ( la plupart empruntés jadis par les pèlerins de St Jacques de Compostelle) il est possible, pour ceux qui sont motivés, de pénétrer dans son domaine secret, celui qui par exemple conduit à l’orifice d’un aven ou à un porche de grotte, car si l’on pousse en effet un peu la curiosité au-delà du village et que l’on s’éloigne du cadre mystique de ce dernier, il est un domaine fréquenté par les spéléologues, qui est le Karst et qui vaut bien à lui seul qu’on lui prête attention. D’aucuns bien entendu prétendront que les cavités souterraines qui sillonnent cette région présentent peu d’intérêt et ne concernent que les amateurs de solitude ou autres ermites en quête de refuge ou bien, que seule la Grotte de la Clamouse aux parures somptueuses et finement brodées mérite, seule, l’attention que lui porte la foule des touristes, de plus en plus nombreuse, qui y déferle. non, si le domaine souterrain des Monts de Saint-Guilhem n’attire pas les promeneurs ou autres curieux de tout poilxdans ses arcanes les plus secrets c’est bien en raison des difficultés d’approche qu’il présente. Difficultés ponctuées par un accès difficile, souvent long, pénible et à la dimension du paysage dans lequel il se confond. seuls sont en effet ici récompensés les amateurs de pierriers et autres escaladeurs de falaises en quête d’ aventures, qui veulent bien faire un effort en quittant la route D4. LES CADRES MORPHOLOGIQUES Le Massif de Monthaut et la Plaine de Lacan Situé à l’extrémité Nord, le Massif de Monthaut ( 656 m) constitue une petite unité montagneuse qui domine de plus de 400 m le ravin des Thières, naissance structurale de la vallée de la Buèges. Au Sud, versant l’Hérault, la R région du Mas d’Agres, soubassement dolomitique de la Plaine de Lacan blottie dans une petite dépression, fait partie du domaine le plus retiré des Monts de Saint-Guilhem, car éloignée de toute civilisation. Séparée de l’imposant massif du Roc de la Vigne par l’incision sauvage de la Combe Louet, cette petite région très riche en cavités est surmontée au S.S.W. par la vaste étendue déserte et sauvage de la plaine de Lacan Cette « plaine » profilée NNE-SSW et enclavée entre le Roc de la Vigne et le massif de la Séranne hérite du « style » karstique du Larzac Méridional et de ce massif, repli caussenard hachuré par le faisceau tectonique Cévenol. Légèrement basculée vers le SSW, elle surmonte un important réseau hydrographique ( Combe d’Arnaud) issu des pentes du Roc de la Jarre Collecteur principal d’un chevelu de thalwegs ciselés à même la dolomie ruiniforme, elle termine sa course sinueuse dans le ravin supérieur du Verdus Spéléologiquement apparentée aux Monts de Saint-Guilhem de par sa contribution hydrologique, cette région jouit du privilège de détenir la plus profonde cavité du Département de l’Hérault, ( Aven de la Capitelle : - 448 m) ainsi qu’un potentiel de cavités dont l’exploration est loin d’être encore achevée. Il faudra d’ailleurs s’attendre à l’avenir dans ce secteur à la découverte de nouvelles cavités verticales égalant ou approchant cette profondeur, au détriment des réseaux horizontaux, limités au karst profond et aux seuls recoupements accidentels de paléo-karsts. Le Massif du Roc de la Vigne et ses contreforts Relevant du nez vers l’Est, le massif du Roc de la Vigne ( 709 m) région morphologiquement très imposante enlevée au-dessus du replat de la Plaine de l’Estagnol et des ravins encaissés du « Bouys », domine le paysage. Ceinturée par une falaise altière au sommet de laquelle on jouit d’un panorama unique sur l’ensemble du massif et de la région des garrigues elle domine un vaste soubassement trapu cisaillé par l’érosion. Combes, ravins, plaines en lanières, ressauts parfois abrupts ne sont en effet interrompus que par la vaste saignée de l’Hérault vers laquelle convergent les grandes unités aériennes de drainage auxquelles elles donnent naissance. Son accès peu évident est cependant facilité par un réseau très développé de sentiers ainsi que par une route forestière issue de la Plaine de Lacan (les Lavagnes). Territoire domanial, où subsistent encore (malgré de nombreux incendies) quelques rares espèces de résineux, ( pins Lariçois, pins Salzmann etc...) le versant Nord surmonte d’une centaine de mètres la plaine de Lacan dont il est séparé par le curieux site du « Pont d’Agres », sorte de croupe étroite d’où naissent de part et d’autre, les combes d’Arnaud et de Louet Du Roc de la Jarre, ( 638 m) monolithe perché inaugurant du NNE au SSW une arrête sommitale à la base de laquelle s’établit le domaine grisâtre de la dolomie jusqu’au Roc de la Candelle ( 540 m), le paysage, en net contraste avec la strate calcaire blanche du Roc de la Vigne, présente un curieux « musée » de chandelles dolomitiques aux formes souples et arrondies. Ce secteur pittoresque est traversé au niveau des Cols de la Pousterle et du Ginestet par le G R 74 qui relie la ferme des Lavagnes ( plaine d Lacan) au village de Saint-Guilhem. limite quasiment imposée par le changement brutal de morphologie entre les Monts de Saint-Guilhem et le Causse de la Celle ( autre grande région karstique et vaste étendue plane s’érigeant à l’horizon NE du Roc de la Vigne), la « Combe du Buis » ou du « Bouys » imprimée tel un long serpentin au sein de la dalle calcaire de l’Estagnol ferme avec la Combe du Cor l’horizon spéléologique de cette région. Défilé sinueux et encaissé, aux falaises trouées de baumes et d’avens, la Combe du Buis constitue à elle seule la représentation karstique probablement la plus éloquente des Monts de saint-Guilhem. On lui doit de plus une belle percée hydrologique entre l’aven de la Combe du Buis et les émergences du Tunnel sous la route et du serpent. Les Grandes Reculées Karstiques * Le Cirque de l’Infernet « Clou » incontestable des Monts de Saint-Guilhem, le Cirque de l’Infernet ( ou du Verdus, ou du Bout du Monde), vaste échancrure large et profonde ouverte au sein même de la masse calcaire entre les massifs du Roc de la Vigne et des Plos surprend et étonne même les plus blasés. Situé en recul des Gorges de l’Hérault sur lesquelles il s’évase, ce site, véritablement grandiose dominé par de hautes falaises parfois surplombantes ( Rocher de la Bissonne, 515 m), ajoute une note supplémentaire à la nature déjà accidentée de cette région. Du point de vue « Max Négre » - accessible à partir de la route forestière des Plos - on peut jouir d’une vue d’ensemble sur le cirque. On bénéficie alors, à l’arrière plan, d’un beau panorama sur le Roc de la Vigne, qui permet de mesurer l’ampleur de la saignée que « l’Infernet » imprime, avec force dans le karst. Cette saignée - de plus de 300 m de profondeur - laisse apparaître la coupe stratigraphique des terrains Jurassiques, du Kimméridgien à l’Aalénien sur lequel coule le ruisseau du Verdus. Ce dernier, issu d’une petite émergence située en fond de reculée, arrose le village de Saint-Guilhem-le-Désert érigé à même le prolongement méandré aval de ce site avant de se jeter en cascade dans le lit de l’Hérault. La dimension et l’architecture de l’ensemble, d’une pureté de lignes incomparables, inspire bien l’histoire de ce pays retiré, qui connu entre autres pèlerinages, l’installation des moines et la fondation de la célèbre abbaye de Gellone en l’an 806. *
Le Cirque de Brunan Modèle réduit et parallèle au précédent, ce cirque forme une échancrure large et profonde dont la base est encombrée d’importants chaos de blocs. Difficile d’accès en raison de la végétation qui recouvre ses ravines, il demeure un site peu pénétré et en partie méconnu. * Le Cirque de la Balaïssade Retiré dans les replis du massif, au coeur même de la Combe des frères, ce petit cirque est d’une élégance assez rare. Ceinturé par une falaise fermée en fer à cheval il s’impose à l’oeil au détour de la Beaume de l’Olivier dont l’entrée, accessible par un sentier, s’ouvre sur une vire étroite et escarpée de cette falaise. * Le Massif des Plos ( ou des Plaux) Cette région, retombée méridionale des Monts de Saint-Guilhem, vaste table calcaire sensiblement inclinée vers le Sud, domine de quelques 150 mètres la plaine de Saint-Jean-de-Fos qui étend à perte de vue son vignoble. Séparée à l’est par l’incision profonde des Gorges de l’hérault et par un ensemble de petites unités montagneuses ravinées à l’Ouest, ce « massif » se rapproche morphologiquement du Causse de Puéchabon dont il constitue le prolongement structural Sud-Sud-Ouest. C’est dans son appendice Sud-sud-est que se développent les galeries de la célèbre grotte de la Clause, cavité remarquable par la beauté et la variété de ses concrétions. * La Combe du Buis ( ou du Bouys) Défilé sinueux et encaissé incisant la plaine de l’Estagnol et le Causse de la Celle, cette « combe » aux chandelles rocheuses croulantes fait partie des paysages les plus sauvages des Monts de Saint-Guilhem-le-Désert. Son parcours vers l’Hérault - 3 km environ - découpe avec énergie les strates régulières du rauracien qui s’épanchent, chaotiques et enchevêtrées, sur de vastes pierriers abrupts. Nous la considérons comme la limite Nord-est des Monts de Saint-Guilhem. GEOLOGIE - MORPHOLOGIE - TECTONIQUE ORIENTATION CARTOGRAPHIQUE - Carte Hydrogéologique de la France au 1.80000e : région karstique Nord-Montpellieraine par Henri PALOC ( B.R.G.M., Montpellier, 1964). Notice explicative. Mémoire 50, 1967. - Carte Hydrogéologique du Languedoc-roussillon au 1.200000, Feuille 2 : région des Grands Causses par Henri PALOC (co-édition C.E.R.G.A. et B.R.G.M., Montpellier, 1972). - Carte Géologique des Monts de Saint-Guilhem-le-Désert par E. BALL ( C.E.R.H., Montpellier, 1973). Les Monts de Saint-Guilhem-le-Désert appartiennent au domaine « plissé » des Garrigues (« avant-pays chevauché ») qui s’étend au Nord et au-delà de l’agglomération de Montpellier en direction des Cévennes et des Grands Causses. Leur morphologie, tributaire des rapports de proximité avec la faille des Cévennes, accident majeur qui affecte la retombée Sud du Larzac, confère à ce site un intérêt particulier sur le plan tectonique et par conséquent sur la karstification. Structurée en gradins par de nombreuses failles, cette région qui fait apparaître le Jurassique Supérieur en bordure de l’Hérault et qui est essentiellement composée de calcaires et dolomies du Jurassique ( Moyen et Supérieur), en bancs massifs ( de l’Aalénien au Kimméridgien), disparaît au Sud sous les formations Tertiaires et Quaternaires de la plaine alluviale de Gignac. La dolomitisation, prédominante, recoupe tous les niveaux, et constitue à travers le paysage un obstacle aux observations tant stratigraphiques que tectoniques. Les premiers niveaux calcaires apparaissent au coeur des bombements anticlinaux des vallées du Verdus et de Brunan et se caractérisent par des formations siliceuses à interlits feuilletés ( Aalénien). Le Bathonien et le Bajocien, calcaires siliceux à entroques forment les grandes falaises qui ceinturent la vallée du Verdus. La Dolomie, de teinte grisée et au faciès ruiniforme caractéristique, d’une puissance de 3 à 400 m en moyenne, surmonte le Bajocien et s’étend sur une grande partie du secteur situé au contact de la faille des Cévennes ( Combe Arnaud). Les calcaires du Jurassique Supérieur se distinguent par une série de calcaires à agrégats de calcite, finement lités, présentant quelques niveaux marneux jaunâtres et noduleux ( Séquanien). Enfin, les calcaires sub-récifaux massifs, à silex, en quasi continuité sur la dolomie, coiffent l’ensemble ( Kimméridgien - Portlandien). Les terrains crétacés et tertiaires ( Vitrollien) apparaissent sur la bordure Sud du massif, entre le Pont du Diable et Arboras ( Faille du Drac), au pied du relief Jurassique. Situés au contact de la faille des Cévennes, les Monts de Saint-Guilhem présentent en outre quelques perturbations de la sédimentation, notamment au niveau des faciès lithologiques. MORPHOLOGIE Cette région occupe une superficie d’environ 55km2 environ. Son individualisation morphologique dépend, comme nous l’avons déjà précisé, de l’important accident cévenol ( localement appelé Faille de la Séranne), qui constitue sa limite structurale septentrionale. Elle correspond à un ensemble étagé en net contraste avec les surfaces voisines planes et monotones des Causses de la Celle et de Puéchabon. Les altitudes maximales sont de 709 m au Roc de la Vigne et 656 m au Monthaut. Les cotes descendent ensuite rapidement à 593 m puis 279 m, pour arriver à 130 m au niveau de la vallée de l’Hérault ( village de Saint-Jean-de-Fos). De nombreux ravins et thalwegs asséchés accidentent le relief dont la physionomie d’ensemble est assez tourmentée. On distingue cependant deux replats structuraux et étagés ( plaine de Lacan, 593 m - plaine de l’Estagnol 294 m), surfaces d’érosion caractéristiques d’anciens gauchissements mio-pliocènes. TECTONIQUE Située au contact de la « Faille des Cévennes » - accident plurikilométrique et zone de déformation plastique et cassante de la couverture Mésozoîque du Languedoc - le secteur étudié s’insère dans un cadre de distension présentant grossièrement un dispositif en gradins reliant les zones hautes des Causses et des Cévennes au littoral. Ces gradins sont limités par des failles normales de direction « Cévenole » Sud-Ouest-Nord-Est et limités au Nord par la bordure des Causses Majeurs, représentée par la Montagne de la Séranne. La région de Saint-Guilhem-le-Désert, contrefort de ce massif, affectée et influencée par la tectonique Cévenole, est induite dans une chronologie de faits dont le shéma polyphasé est caractérisé par l’abondance des décrochements et une intense fracturation. * La distension Anté-Pyrénéenne ( Crétacé moyen) liée à la surrection de l’isthme Durancien et matérialisée par la présence de quelques fossés d’effondrement ( Puéchabon) inaugure le jeu normal d’un ensemble de failles ( Faille d’ Arboras - St-Jean-de-Fos, Faille de la Clamouse). * La phase Pyrénéo-Provençale ( post-Lutécienne) - important mouvement compressif assurant l’ouverture par écartement et décrochements d’un ensemble de structures Nord-sud - reprend les précédentes et met en place de nombreuses failles inverses et plis Est-Ouest. Le Pic Saint-Loup, les plis de Viols-le-Fort et de Buèges sont les manifestations régionales les plus éloquentes de cet épisode. Une association de micropolis, bombements anticlinaux et autres crochons de failles ébauchent la morphologie des Monts de Saint-Guilhem. *Au Sannoisien ( Oligo-Miocène) une importante distension, responsable des fossés d’effondrement limités par des failles normales SW-NE qui se relaient à travers toute la région et dans lesquels se sont déposés les sédiments oligocènes, lui confère sa morphologie en « escalier ». Les failles préexistantes, anciens décrochements pyrénéens pour la plupart, évoluent en failles normales et associent de nouvelles fractures parallèles. Certaines couches sont flexurées et basculées. * La phase alpine, phase de compression moins ressentie, déforme, décale, gondole, quelques structures antérieures dont certaines sont carrément gauchies. * Au Villafranchien, la montée verticale du Bâti Cévenol de plus de 1000 m, entraînant entre autres la surrection du massif de la Séranne, accentue le relief en gradins du massif ( altitude décroissante vers l’Est) par le rejeu en faille normale de nombreuses structures parallèles associé à l’accident Cévenol. Cette surrection fossilise la surface d’érosion pré-miocène et porte quelques-uns de ses lambeaux ( plaines de Lacan et de l’Estagnol) à des altitudes très diverses. Après le Villafranchien, le réseau hydrographique s’enfonce, l’Hérault creuse ses gorges, et le « jeune Karst Langudocien » se met en place. APERCU HYDROGEOLOGIQUE ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE E.A. MARTEL. La Grotte du Sergent. , Les abîmes. Imprimerie Delagrave, Paris 1894.p.150-151. DUBOIS P., REQUIRAND C., AIN G. ,Sur les circulations souterraines de la Grotte du Sergent. Spélunca Mémoires No 5, 1967. p.146-151. L’Hydrogéologie des Monts de Saint-Guilhem fonctionne selon le processus karstique classique de raccordement des exutoires au niveau de base local. Ce niveau est ici représenté par l’Hérault qui draîne quatre grandes unités karstiques. L’une d’entre elles, issue du Larzac méridional, en partie étrangère à cette région, emprunte l’appendice Sud du massif ( Massif de Saint-Baudille - Plateau des Plos) pour résurger à la Source de la CLAMOUSE. LES DRAINAGES SOUTERRAINS - LE DRAINAGE NORD-EST : Montagne de la Beaum - Combe du Bouys. Il s’effectue en direction des émergences temporaires du TUNNEL SOUS LA ROUTE et du SERPENT situées en rive droite de l’Hérault. La coloration d’un écoulement de l’AVEN DE LA COMBE DU BUIS, ( S.C.A.L. 1969) révèle l’existence d’une relation entre cette cavité et ces deux exutoires situés à plus d’un kilomètre de distance. Un delta souterrain se développe à partir de ces derniers en direction de la Combe du Bouys ( Combe du Buis) et de cet aven dans lequel un important siphon ( reconnu jusqu’à la côte - 50 m par le G.S.F.R.M.), regard sur le karst noyé local des secteurs du Monthaut, La Beaume et le Buis, constitue la cheminée d’équilibre du système. La mise en charge de ce réseau due à des précipitations importantes s ’effectue en premier lieu par l’extravasement de ce siphon dans les galeries de l’Aven de la Combe du Buis et par la « venue » de l’Emergence du Serpent, la plus basse en altitude. L’Emergence du Tunnel sous la Route, distante de 1300 m à vol d’oiseau réagit peu de temps après ( moins de 48 h). - LE DRAINAGE NORD : Région du Mas s’Agres - Monthaut Les exurgences du ROULET, du CABRIER et du BARRAGE, d’un débit total moyen de 50 l/s draînent cette région, grand ensemble dolomitique dans lequel se développent de nombreuses cavités. La coloration effectuée par le S.C.A.L. ( 11 Novembre 1965) à l’aven 4 DU MAS D’AGRES, situé en amont de ces exurgences et à l’extrémité Nord-Est de la plaine du Lacan, a mis en évidence une importante percée hydrogéologique dont la relation avec la GROTTE DU SERGENT reste à prouver. Le ruisseau souterrain issu du réseau Nord de cette cavité n’a pu, pour des raisons techniques, être contrôlé lors de cette expérience, laissant ainsi un point d’interrogation. Cette grotte et son boulidou, placés au centre de ce massif, jouent un rôle important sur lequel il est intéressant de s’attarder. Leur mise en charge respective correspond à la vidange d’un ensemble d’écoulements ( superficiel et profond) qui transitent normalement à l’étiage vers les sources du Cabrier, du Roulet et du Barrage, et qui, à la faveur d’un régime de hautes eaux, utilisent ces cavités pour « tamponner » leur crue. LA GROTTE DU SERGENT : Un rôle clef Le rôle de cette cavité est dû en fait, comme nous l’avons précisé, à sa position stratégique au sein de la région concernée. Il s’agit, de plus, d’une cavité polygénique ayant subi de nombreux réajustements et dont la topographie donne une bonne illustration. Elle présente deux systèmes de galeries indépendants : - La « Grande Diaclase » Cette galerie empruntée par le ruisseau souterrain dont on connaît la relation avec la Source du Cabrier, de formation plus récente que la « Grande Branche », n’est autre qu’une faille ouverte servant de drain au ruisseau dont l’origine, comme nous venons de l’indiquer, reste à préciser. Il n’est en effet pas du tout évident que la coloration de l’aven 4 du Mas d’Agres soit passée par cette branche de la cavité. - La « Grande Branche » La partie inférieure de cette dernière, souvent occupée par un plan d’eau siphonnant, de formation plus ancienne, constitue le drain de trop plein de l’aquifère profond ( Karst noyé) qui alimente les émergences du bord de l’Hérault. Sa mise en charge correspond à une fluctuation de 115 m de ce dernier lorsque l’entrée de la cavité ( ce qui est assez rare cependant) devient fonctionnelle. - LE DRAINAGE PLAINE DE LACAN - COMBE DES LAVAGNES : Au-delà du massif des Plos un important réseau de ravins issus des soubassements du petit causse des Lavagnes ( ou « Plaine de Lacan ») converge vers la saignée pittoresque qui débouche dans le cirque monumental du « Bout du Monde ». Dominé par la haute falaise altière de la Bissonne, le ruisseau du VERDUS ( Le Vert) naît sous un éboulis de pente à l’entrée d’un petit cirque où vient se greffer le collecteur hydrographique des ravins en question. Son régime parfois très capricieux lui vaut la réputation de ruisseau « dévastateur » tant ses crues subites ( gonflées par les affluents aériens de la Combe d’Arnaud) comparables à des « vidourlades » font de lui, dont le cours est habituellement paisible, un torrent en furie. Le drainage axé selon le tracé principal de la vallée du Verdus ( Cirque de l’Infernet, du Bout du Monde, de Gellone, du Verdus) s’exerce à partir d’un système très développé de combes qui viennent se greffer au principal élément hydrographique constitué par la Combe Arnaud. De nombreuses pertes temporaires ( Perte du Mas de Tourreau, Perte de Faîssas) existent sur ce tracé et conditionnent en crue le fonctionnement subit de sa source, la plus importante en terrains dolomitiques des Monts de Saint-Guilhem. De plus, la régularité de cette dernière à l’étiage, étaye bien l’hypothèse d’une origine souterraine dans le massif dolomitisé en question. La coloration effectuée par le S.C.A.L. à la perte du Mas de Tourreau montre l’existence d’un système souterrain certainement pénétrable. Le Trop-Plein du Verdus et l’Etagère Boulangère, petites cavités situées non moin de la source dans la falaise terminale du cirque pourraient bien donner accès à ce réseau. Continuant sa course le long de sa verdoyante vallée, le Verdus disparaît en partie sous terre, trois cent mètres en amont du village de Saint-Guilhem, pour réapparaître aux fontaines communales de ce village à l’exception de celle située sur la place face au porche de l’abbaye dont on ignore encore l’origine. C’est une coloration réalisée en 1951 par le S.C.A.L. qui a permis cette intéressante constatation. - 20 - il a fallu non moins de 5 jours pour que le colorant fasse son apparition. Un sous-écoulement très lent ( 1 km en 5 jours) de type phréatique existe donc sous le cours actuel de cette rivière. Quant à l’origine de la source de la place, l’énigme reste entière. On ignore actuellement d’où proviennent et où passent les canalisations qui conduisent à cette fontaine. Seuls les moines de l’abbaye de Gellone, auteurs de ces installations au XIIe siècle en connaissent le secret. - LE DRAINAGE SUD - OUEST : Mont Saint-Baudille - Plateau des Plos Cette région, considérée comme la terminaison Sud du Causse du Larzac, est néanmoins rattachée aux Monts de Saint-Guilhem avec lesquels elle forme la même unité montagneuse. Elle correspond aux pentes et replats dessinant une série de dégradés à partir du Mont saint-Baudille ( 848 m) jusqu’à la plaine oligocène de St Jean de Fos - Montpeyroux. Le plateau des Plos, principal relief de cette étendue, constitue un vaste promontoire dont la terminaison Sud s’incline sensiblement vers le débouché des Gorges de l’Hérault. Les eaux souterraines issues du Larzac Méridional franchissent le faisceau des failles de la Séranne ( Faille des Cévennes) au niveau des combes ravinées ( Ravin de Rouvignou, Combe de la Paille) qui cisèlent la base du Mont Saint-Baudille et pénètrent dans la région concernée. Le débouché de cette importante circulation indépendante des Monts de Saint-Guilhem s’effectue à la source de la CLAMOUSE dont le débit d’étiage moyen est de 150 l/s. Le TROU DU DRAC, près de Montpeyroux, évacue le trop-plein de ce système qui correspond alors, en fortes crues ( 20 m3/s au total), à une mise en charge de l’ordre de 35 m Sur le parcours de cette importante circulation on note la présence dans le ravin de Rouvignou ( près d’Arboras) de plusieurs émergences temporaires notamment le système de l’EVENT DE ROUVIGNOU ( situé moins de 2 km au Nord-ouest du Trou du Drac) dont le rôle est parfois inversé ( Perte et émergence). |