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La Grotte du Sergent

 Chapitre IV

Par Daniel CAUMONT

 

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION : GEOLOGIE, HYDROGEOLOGIE

CHAPITRE 2 : LA GROTTE DU SERGENT

CHAPITRE 3 : LE BOULIDOU DU SERGENT

CHAPITRE 4 : LA GROTTE DU SERGENT : GROTTE ECOLE

CHAPITRE 5 : BIBLIOGRAPHIE

 

 

LA GROTTE DU SERGENT : CAVITE ECOLE  

Située au centre d’une région naturelle exceptionnelle par son caractère pittoresque, la Grotte du Sergent, située à l’écart de toute civilisation, attire bien moins de visiteurs que sa voisine la Grotte de la Clamouse mondialement connue pour la beauté de ses concrétions. Si elle n’en souffre certes pas elle subit toutefois l’influence du tourisme sauvage qui de plus en plus tend à rechercher l’insolite des cavernes oubliées.

Son attrait, s’il est certes incomparable par rapport à celui qui attire les foules à la Clamouse n’en est pas pour autant dénué d’intérêt, ce que tend à montrer cet ouvrage qui se veut à la fois descriptif et didactique. Il serait d’ailleurs dommage d’occulter la réalité qui lui attribue une fonction importante sur le plan pédagogique, notamment dans le cadre de l’initiation et de la formation des jeunes à la connaissance du milieu souterrain.

L’accessibilité de ses galeries, leur morphologie et les diverses curiosités d’ordre géologique qu’elle renferme lui prêtent en effet assez bien le rôle de cavité école dans laquelle le débutant peut être amené dans d’excellentes conditions à faire ses premiers pas. A cet égard il est à noter qu’un encadrement compétent susceptible d’apporter au jeune en formation une meilleure approche du milieu souterrain se révèle indispensable si l’on veut exploiter à fond toutes les possibilités de cette cavité.

Les parcours d’initiation :

Parmi les possibilités offertes par la cavité il existe deux types de sorties d’approche qu’il nous paraît souhaitable de pratiquer chronologiquement si l’on veut tirer le maximum de possibilités pédagogiques de la cavité. Une troisième, possible à l’avenir et qui permettra une traversée entre cette grotte et les galeries du Grand Boulidou augmentera l’intérêt du cycle de formation et complètera sa vocation d’école et d’approche du milieu souterrain.

* La « Grande Branche » (voir la description détaillée de ce réseau dans le chapitre 2 de l’ouvrage).

Ce parcours de 575 m jusqu’au siphon terminal de la « Galerie du Réservoir » emprunte, à partir de l’entrée de la cavité, les vastes galeries de la « Grande Branche » et descend à la cote de -83 m. Il ne présente aucune difficulté, cependant il est indispensable de prévoir une corde d’assurance d’une dizaine de mètres pour accéder au porche d’entrée dont l’escalade, bien que facile, a vu de nombreuses chutes stupides.

Le ressaut (1,50 m) de la salle du « Grand Pilier » nécessite l’emploi d’une échelle et d’une sangle pour sa fixation. En période hivernale et selon la nature des précipitations saisonnières ce réseau n’est pratiquable que jusqu’à la cote -53 (au bas de la pente faisant suite au ressaut de la salle du « Grand Pilier ») où souvent stationne un plan d’eau siphonnant. 110 m de galeries sont alors noyées donc inaccessibles.

* La « Petite Branche » et la « Grande Diaclase » (voir la description détaillée de ce réseau dans le chapitre 2 de l’ouvrage).

Ce réseau morphologiquement différent fait appel à un engagement physique et met à l’épreuve durant 4 heures en moyenne à la fois le groupe et l’encadrement qui doit être de deux personnes minimum pour 10 jeunes.

Son parcours, qui se pratique selon un circuit en boucle ramenant à la « Boîte aux Lettres », emprunte à l’aller la fameuse « Grande Diaclase » et ses passages en opposition et au retour la « Galerie Supérieure » qui prend départ au-dessus du siphon « Bournier ». A partir de l’entrée de la cavité, la distance à parcourir est de 1 750 m. Ce circuit assez physique mais pittoresque de par son « look » labyrinthique et surtout par la présence du ruisseau souterrain du Cabrier, que l’on rencontre à mi-parcours, complète fort bien la première sortie effectuée dans la « Grande Branche ».

Une corde d’une dizaine de mètres est indispensable pour aider à franchir à l’aller une cheminée permettant d’accéder à la « Grande Diaclase » et au retour à l’extrémité de la « Galerie Supérieure » un passage en vire dominant un ressaut de 4 m. Il est fortement conseillé à l’encadrement n’ayant pas une bonne connaissance des points clef de ce réseau de reconnaître ce dernier avant toute visite avec un groupe. La localisation des nombreux passages peu évidents et qu’il est bon de connaître faciliteront la conduite du groupe dont la psychologie doit être ici préparée et ménagée.

* La Traversée « Grotte du Sergent - Grand Boulidou »

Les travaux entrepris au « Grand Boulidou », exutoire inférieur de la « Grotte du Sergent », par la Section Spéléologique du C.L.P.A. et notamment la désobstruction de la voûte du siphon terminal de cette cavité ont vu la découverte de 828 m de galeries et la mise en évidence d’une possibilité de jonction de cette cavité avec la Grotte du Sergent. Les travaux actuellement en cours devraient permettre dans un proche avenir de relier les deux cavit és (qui en réalité n’en font qu’une) et offrir ainsi une nouvelle possibilité de circuit d’initiation. Circuit empruntant des passages verticaux nécessitant l’emploi du matériel de progression (Descendeur, Jumar, etc...), ce qui ajoutera un attrait supplémentaire à cette cavité au demeurant très complète.

LES GROUPES D’ADOLESCENTS

-Les Groupes en Formation

Les groupes en formation, c’est-à-dire ceux pris en charge par un club ou par un encadrement chargé d’un cycle d’initiation cohérent et suivi, ont tout intérêt à exploiter les possibilités de cette grotte. D’abord par le fait, nous l’avons déjà signalé, qu’elle constitue un excellent terrain de prise de contact avec le milieu souterrain eu égard à l’ambiance du parcours-type facile présenté par la « Grande Branche », ensuite par les possibilités offertes par le réseau Nord (Grande Diaclase - Réseau Supérieur) sur le plan de l’engagement physique. La visite de cette cavité intelligemment effectuée peut apporter d’excellents résultats au sein d’un groupe d’adolescents si elle est de plus assortie des indispensables enseignements que l’éducateur ou le « guide » doit se faire un devoir de pratiquer.

Les conseils qui peuvent être donnés en ce sens vont aussi bien dans l’intérêt de l’adolescent que de la cavité, dont la conservation peut être menacée par une utilisation qui ne serait pas conforme à son équilibre.

Avant toute incursion dans cette grotte, il sera donc bon d’enseigner au groupe les paramètres essentiels qui régissent son existence et par là même son rôle au sein de la nature. Sans trop embarasser de baratin scientifique le jeune qui pour la première fois pénètre dans une grotte il est conseillé toutefois de donner quelques explications sur la formations et le rôle des galeries que l’on emprunte. On pourra insister sur quelques détails de l’action de l’eau sur les parois et solliciter des questions.

Le parcours de la « Grande Branche » jusqu’à la « Galerie du Réservoir », qu’il convient de choisir pour une première approche, doit se faire le plus lentement possible afin que le groupe puisse rendre compte qu’il est sous terre, c’est-à-dire dans un milieu naturel, et non dans une bouche d’égout ou une galerie de métro.

Les concrétions : Sujet délicat trop souvent hélas occulté par les éducateurs, le concrétionnement des cavités fait partie d’un domaine qu’il convient d’aborder avec prudence. L’adolescent en quête de fantastique retient trop souvent ce seul et unique aspect de la spéléologie que les médias et les spéléologues eux-mêmes par leurs films et autres diaporamas esthétiques ont trop tendance à montrer comme féérique.

Il est vrai que le monde souterrain revêt parfois de somptueuses parures agréables à contempler et que ce seul attrait peut constituer un motif pour pénétrer sous terre. Or, il est courant de constater dans ce domaine une attraction qui est bien loin de correspondre à la réalité, laquelle, dans de bien nombreux cas, contribue à donner au jeune une fausse image de la spéléologie. On comprend d’ailleurs pourquoi nombre d’entre eux sont vite déçus de ne pas rencontrer souvent sous terre les décors somptueux en question, qui, il faut bien le dire ne sont conservés intacts que dans de très rares cavités. Ce sujet important qui touche non seulement à la définition même de l’activité spéléologique et à ce domaine bien précis des concrétions invite à bien préparer les jeunes.

Leur compréhension de cet aspect du monde souterrain doit correpondre à la réalité de la pratique.

Dans le cas de la Grotte du Sergent, dont le concrétionnement classique constitue à notre avis un avantage pédagogique, il conviendra de donner les explications nécessaires quant aux principes de formation des draperies et autres formations typiques que l’on y rencontre. L’approche des édifices étant facile et sans trop de risque pour leur conservation eu égard à leur structure massive (la Grille, Grand Pilier, etc...) il conviendra de s’attarder sur les notions de respect qu’elles inspirent. On pourra notamment insister sur le fait que sortir une concrétion à l’extérieur de son contexte ne présente aucun intérêt sur le plan esthétique, et qui plus est contribue à la destruction d’un site dont l’élaboration dure plusieurs siècles.

Les groupes occasionnels :

Conduire des groupes occasionnels dans cette cavité, c’est-à-dire issus d’un Centre de Vacances, pose un problème de suivi difficile à résoudre dans le cadre de cette cavité. Leur approche du milieu souterrain, souvent liée à une seule incursion sous terre durant leur séjour de vacances, ne peut être que succinte. La pratique de la Grotte du Sergent risque dans ce cas d’être bâclée car incomplète. Le jeune ne retiendra que peu de choses de son premier contact avec le milieu souterrain.

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