LA GROTTE DU
SERGENT (OU DU SOURGENT)
Coordonnées
Lambert : X : 698,23
Y : 162,07 Z :
190 m
Commune :
Saint-Guilhem-Le-Désert (34)
ACCES
- Routier :
Du
village de Saint-Guilhem-le-Désert, suivre sur 1km 600 la Route Départementale 4 en direction du Causse de la
Selle jusqu’à la source du
Cabrier, exsurgence bien visible située en bordure de la route au
niveau d’un groupement de maisons. 200 m après cette dernière, prendre
sur la gauche un chemin de terre qui s’engage dans la Combe de
Malafosse. Ce dernier passe à côté d’un important dépôt
d’ordures et se termine 200 m plus loin au niveau du débouché de la
Combe de Légeaux (un petit groupe de ciprès marque nettement cet endroit).
Laisser les véhicules à ce niveau et prendre toutes précautions
pour éviter les vols dans ces derniers.
- Pédestre :
Remonter
ensuite la combe de gauche (Combe su Sergent) en empruntant un petit
sentier bien tracé. Au bout de 300 m de parcours sur sa rive gauche, le
sentier traverse le lit asséché du ruisseau, change de versant et
grimpe à flanc de montagne pour rejoindre, après un dénivellé de
70 m, le ravin encombré de gros blocs qui conduit à la grotte.
VARIANTES :
*
(30’) Il
est possible d’atteindre la grotte en remontant directement la combe.
Ce
parcours, bien que plus pittoresque, est néammoins assez accidenté et
pénible. Il est conseillé par contre de l’emprunter au retour et d’éviter les
redans importants de cette combe en suivant sa rive gauche.* (45’) De la Source du
Cabrier, tout à côté d’un groupe d’habitations,
remonter
un chemin en forte pente (cimenté au départ). Ce dernier emprunte une combe qu’il faut remonter sur cent cinquante mètres
environ jusqu’au niveau d’une petite bergerie voûtée amménagé à partir d’un abri sous roche. Un sentier quitte la combe et grimpe
sur le massif en direction de la Source du Cabrier qu’il domine d’une soixantaine de mètres (très beau coup d’oeil sur le
barrage). En suivant le sentier qui emprunte ensuite, sur 700 m, la rive gauche de la Combe de Malafosse et un niveau d’espaliers jadis cultivés,
on arrive dans une petite combe. On traverse cette dernière pour retrouver le sentier (peu visible à cet endroit) en face qui s’élève ensuite pour rejoindre au bout de
400 m environ la Combe du Sergent à l’extrémité de laquelle baille l’entrée
de la grotte.
HISTORIQUE DES EXPLORATIONS
LA
GROTTE DU SERGENT : OU LA
« NAISSANCE DU SOUTERRAIN NOIR ET OBSCUR » QUI « INTRIGUE »,
QUI « MET MAL A L’AISE ... »
Comme
l’on pouvait s’en douter le nom de cette grotte n’a absolument rien à voir avec quelque rapprochement qui pourrait être fait avec un officier de l’armée française dont une légende locale relate
l’histoire. Celle-ci dit qu’un vieux soudard s’y serait retiré à la fin des campagnes Napoléoniennes pour y vivre et y terminer ses
jours.
Nous
pensons plutôt qu’il s’agit d’une déformation du mot « SOURGENT »
ou « SOURGENE »
dont nous avons tenté d’étudier l’étymologie en prospectant de nombreux ouvrages, documents, et en faisant appel à quelques spécialistes.
Nos résultats sont les suivants :
SOURD :
mot français (Xvème siècle) issu du mot latin « Surgere »
ou surgir qui traduit aussi le « Noir », « l’Obscur », ou encore la « Naissance
du Souterrain noir et ténébreux »« caché et secret ».
L’eau
« sourd » (sènéque).
GENE : du
latin « Génos »
qui traduit, qui « intrigue »,
« impressionne », et « met mal à l’aise ».
Cette recherche nous a paru intéressante quant aux rapprochements qui peuvent être effectués avec cette grotte. On remarque en effet que celle-ci
s’identifie tout à fait à la définition du mot « Sourgent »
car elle s’ouvre comme on peut le constater sur des galeries dans
l’ensemble peu colorées, sombres et parfois noires (coloration à l’oxyde de manganèse de certaines parois et concrétions).
L’observation des anciens est assez fidèle à la réalité et à l’impression
de lourdeur et de malaise que l’on ressent en parcourant la
« Grande Branche » et qui tient à l’aspect
nu et brun de la roche dolomitique dans laquelle elle se développe. La Grotte du Sergent fait partie des cavités anciennes les plus connues du département de l’Hérault dont il est impossible de fixer avec précision
la date et l’auteur de la découverte. Compte-tenu des nombreuses inscriptions très anciennes (certaines remontent à 1770) visibles en différents secteurs de la cavité, il est évident que ce n’est pas
E.A. MARTEL qui en fut le premier explorateur en 1889.
Il
serait plus logique d’affirmer que le premier homme à y pénétrer fut le préhistorique, compte-tenu des quelques vestiges retrouvés ça et là
dans ses galeries. A propos d’exploration, bien des indices, traces de torches, signatures etc.. montrent que de
nombreux intrépides ou curieux ont depuis très longtemps parcouru ses galeries en quête d’aventures et de découvertes. Il semblerait cependant que ces incursions n’aient été poussées guère plus loin
que la « Salle du Grand Pillier » (Grande Branche) c’est-à-dire jusqu’à la première difficulté apparente de la cavité constituée
par le redan qui permet de descendre vers la « Galerie du Réservoir ».
Cette constatation est en partie corroborée par l’absence d’inscriptions au-delà de ce
passage, qui, de toute évidence, devait retenir les intrépides. Quoi qu’il en soit, la Grotte du Sergent, bien que retirée dans les replis
cachés des Monts de Saint-Guilhem, pouvait difficilement échapper à la curiosité.
Ceci
en raison du fonctionnement intermittent de son orifice dont la mise en charge bien que rare permet de localiser facilement la présence d’une cavité.
Le
5 juillet 1889 l’illustre spéléologue E.A. MARTEL ne
manque pas de se faire conduire à l’entrée de cette grotte dans le but de mettre un terme aux « bruits » qui courent sur cette dans laquelle se serait réfugié à la fin des
campagnes Napoléoniennes, quelque vieux soudard épris de solitude. Il s’intéresse à tel point qu’il en dresse une topographie (1 100 m) qui restera le seul document fiable
jusqu’en 1950, année de publication par le Club Alpin Français (C.A.F.) d’un plan complet faisant apparaître en outre les résultats
d’exploration obtenus par ce groupement. Judicieux dans ses observations il baptise quelques
édifices stalagmitiques (les Sept-Colonnes, le Dais, les Draperies, la forêt, le Grand Pilier
etc...) et surtout établit la toponimie des galeries de la cavité qu’il divise en deux parties :
-
La « Grande Branche »,
pour le réseau principal conduisant à la salle du « Grand Pilier » et à la « Galerie du Réservoir ».
-
La « Petite Branche », pour un affluent dont il n’effectue
qu’une partie de l’exploration en raison du manque d’enthousiasme de ses collaborateurs qui refusent de le suivre au-delà du « Lac du Bain ».
Rapide et perspicace il définit parfaitement le rôle hydrogéologique de la cavité qu’il considère
comme un « grand réservoir de trop-plein » :« La
Grotte du Sergent n’est donc que le trop-plein du réservoir d’une source; trop-plein que la nature et la disposition des lieux ont ouvert
en caverne, car sa forme prouve qu’elle ne vomit de l’eau que
lorsque toutes les galeries en sont entièrement remplies ».
Cette
exploration lui vaut de plus un « bain » forcé historique, dont il narre tous les détails dans son
majestueux ouvrage « les Abîmes »
publié en 1894. Indications et topographie de E.A. MARTEL en main, R.
JEANNEL et E. RACOTVITZA
biospéléologues célèbres pénètrent le 12
avril 1909 dans la cavité à la recherche de quelques spécimens
cavernicoles. Leur collecte s’avère si intéressante que ces derniers
y retournent le 27 décembre 1913. Après leur passage, la Grotte du Sergent ne
semble pas avoir connu de faits nouveaux jusqu’en 1942, année de grande sécheresse
et début d’une longue série d’explorations menées par le « Club
Alpin Français » durant plus de 15 années. Durant cette période
le développement de la cavité
passe de 1 100 m à 2 700 m. Cette année 1942
voit le franchissement officiel du « Lac du Bain », obstacle
célèbre devant lequel MARTEL s ’était arrêté, et surtout la
découverte de la « Grande Diaclase » et son ruisseau par Paul BONNET.
La
découverte de ce réseau est
publiée en 1953 par le Spéléo-Club Alpin Languedocien qui signale la
découverte de la « Grande Diaclase » le 7 Septembre 1947
par SEGUI J. et MONTEL R. Or, la lecture du carnet de bord du refuge
de Saint-Guilhem fait apparaître l’exploration de Paul BONNET en
1942...?) Cette découverte relance l’exploration de la cavité et
pose la première « énigme » quant à l’origine et la
destination du ruisseau qui parcourt ce réseau. Les explorations se
succèdent et se heurtent ensuite au « Grand Lac Nord »,
nouvel obstacle apparemment infranchissable atteint par J.
SEGUI et M.VIALLEY le 12
Septembre 1947.
L’année
1948 voit une tentative de topographie de la part d’une équipe des « Eclaireurs de France »
qui entreprend cette tâche et ne la poursuit
pas. Cette topographie ne sera d’ailleurs jamais publiée. Par
contre, le C.A.F. réalise un levé
complet en 1949 qui fait apparaître le nouveau réseau Nord et un développement
de 2 670 m. Ce dernier sera
publié la même année dans le bulletin du Spéléo-Club-Alpin
Languedocien. Cette année marquera non seulement encore la Grotte du
Sergent par la écouverte d’un réseau parallèle à la « Grande
Diaclase » (réseau dit « Supérieur ») mais surtout
par le franchissement en plongée
libre du Grand Lac Nord par A.
BOURNIER.
Nous
tenons d’ailleurs à reproduire ici le récit de cette « aventure »
qui restera longtemps un des grands moments d’exploration de cette
cavité :
« C’est
au cours d’une des explorations de septembre qu’Alex tente la plongée.
Dans la tenue d’Adam, lunettes de plongée au visage, torche étanche
à la main, progressivement, il s’immerge. L’excitation
de l’eau froide accélère son rythme respiratoire. Après quelques
minutes d’acclimatation il se prépare à plonger. La torche éclaire
dans le lointain la voûte qui plonge profondément dans l’eau. Prenant
une grande inspiration d’un très vigoureux coup de reins, Alex plonge
et prend de la profondeur.
Nous apercevons ses pieds qui disparaissent sous la voûte, puis
seulement une vague lueur. Personne
ne parle. De longues secondes s’écoulent. Dans
la profondeur la lampe réapparaît, suivie du nageur.Très
essoufflé il bredouille : « Au moins 5 mètres, suis pas ressorti ».Quelques
minutes de repos et Alex plus optimiste que nous, replonge.La
plongée est plus longue, nous sommes inquiets, plus de lueur dans
l’eau, pas de bruit. Plusieurs
minutes passent. La lueur revient. Ouf! Alex est radieux, il est
ressorti dans un grand bassin, la galerie continue avec le ruisseau. Le
siphon du Grand Lac Nord est franchi. Il a 5 m de long. La voûte plonge
à 1 m 50 de profondeur. Alexnous raconte plus tard qu’à la première plongée il avait projeté
le faisceau lumineux vers le haut et n’avait plus vu la voûte, mais
en avait déduit qu’il y avait une grande épaisseur d’eau au-dessus
de lui et avait fait demi-tour. Mais de retour, l’élémentaire
principe des vases communicants lui étant revenu, il avait décidé sa
seconde plongée persuadé que ce siphon pouvait être franchi. »
(Extrait de la revue du Club Alpin Français, Section Languedoc Méditerranéen
N° 39, Février 1950 « Dans
le siphon du Grand Lac Nord du Sergent »
p. 1-4.)
Cette
tentative couronnée de succès et très téméraire pour l’époque
permet de prolonger de plus de 280 m le « Réseau Nord » de
cette grotte jusqu’au siphon terminal réservé, quant à lui, aux
plongeurs spécialisés. Avec cet épisode s’achève pour quelques années
l’exploration de cette cavité qui fera cependant l’objet d’une
expérience de coloration le 24 Juin 1950. Le ruisseau de la « Grande
Diaclase » soupçonné résurger à la Source du Cabrier est coloré
le 24 Juin 1950. Le colorant fera son apparition aux sources du Cabrier,
du Roulet et du Barrage situées en bordure de l’Hérault, les 27 et
28 Juin de la même année déterminant ainsi l’existence d’un réseau
aval inconnu (de la Grande Diaclase à la Source du Cabrier) d’un tracé
théorique de 1400 m. Plus tard, en 1965, dans le cadre d’une étude
hydrogéologique menée par P. DUBOIS, la
coloration d’un écoulement de l’Aven du Mas d’Agres, situé
quelques 4 600 m au Nord de la Source du Cabrier apparaît de nouveau à
cette source.
Une
publication importante (DUBOIS P., REQUIRAND C. , AIN G.) relate en 1967
les résultats de cette expérience et donne une très bonne approche
sur la connaissance hydrologique de cette grotte. Les explorations les
plus évidentes étant apparemment terminées, commencent alors des
recherches plus poussées et notamment l’élargissement de quelques
obstacles infranchissables. L’équipe des Gignacois (filiale du
G.E.R.S.A.M.) s’attaque à une « boîte aux lettres » située
dans une petite galerie prolongeant le « shunt » et
recoupant la « Grande Branche », et découvre une
cinquantaine de mètres de galeries. Une cheminée du réseau Nord
(Galerie du Sable) est explorée par le S.C.A.L. sur plus de 40 m de
hauteur. Le 9 octobre 1983 puis le 26 août 1984, suite à sa découverte
de 900 m de galeries dans le « Grand Boulidou », le C.L.P.A.
s’attaque à l’explosif à l’extrémité de la « Petite
Branche » dans le but de poursuivre l’exploration de cette
partie de la cavité vers le « Grand Boulidou ».
Il
découvre la « salle de l’Ours » (30 m de première) (S.
NURIT, JP. BLAZY, A. POUGET, D. CAUMONT, JL. GALERA). Un crâne et
divers ossements d’Ursus Arctos sont découverts. Ces travaux qui sont
à notre connaissance les derniers entrepris sur cette cavité,
devraient permettre à l’avenir de jonctionner la Grotte du Sergent
avec le Grand Boulidou. Cet ensemble de 3 800 mètres serait alors le
plus important réseau des Monts de Saint-Guilhem.
«LA GRANDE BRANCHE »
Située
au fond d’une petite
reculée, l’entrée de la
grotte s’ouvre curieusement
à une
dizaine de mètres de hauteur au débouché même d’une combe
issue du massif dolomitique de Puech Bouissou. L’escalade qu’il
convient d’effectuer pour y accéder se fait facilement en utilisant
les nombreuses aspérités des bancs calcaires du Rauracien formant ici
de véritables marches d’escalier.
Le
porche (4 m x 3 m), bien que classique, donne tout de suite
l’impression de pénétrer dans une de ces vieilles cavernes sans
activité et colmatée (ce qui est courant dans les Monts de
saint-Guilhem) par quelques remplissages stalagmitiques séculaires.
Cependant, grâce à une longue histoire hydrogéologique, l’orifice
de cette grotte, qui durant les glaciations de quaternaire fut
probablement colmatée par un glacier, demeure aujourd’hui ouvert sur
des galeries fort anciennes et en pleine activité dont nous tenterons
de retracer plus loin le passé.
La
galerie (3 m x 2,50 m) qui fait suite au porche d’entrée dont les
parois sont couvertes de graffitis et de toutes sortes d’ inscriptions
d’un fort mauvais goût est marquée par un point bas quelquefois
occupé par une laisse d’eau. Celle-ci, large au départ s’abaisse
progressivement à la faveur d’un important revêtement stalagmitique
déposé à même de belles strates effondrées de la voûte. A une
trentaine de mètres de l’entrée, on atteint une salle en pente dont
le point bas est rempli de cailloutis et de galets roulés. Une épaisse
banquette de grèzes, surmontée de quelques piliers stalagmitiques,
atteste du colmatage partiel de cette partie de la cavité durant les
dernières périodes glaciaires.
Au-delà
de cette salle, baptisée «Salle
des Sept-Colonnes » par E.A. MARTEL, on franchit une grille
stalagmitique (« La Grille »)
pour déboucher dans une belle galerie horizontale ornée de quelques
draperies et gours classiques comme il est fréquent d’en rencontrer
dans cette grotte. A son extrémité, une cinquantaine de mètres
environ, la cavité change d’aspect. La galerie, toujours large mais
plus basse, s’incline puis descend progressivement en accentuant sa
pente vers un nouvel élargissement résultant de l’intersection
d’une galerie (« Le Shunt »)
issue du réseau de la « Petite Branche » (cote
- 23 m).
Cette
dernière qui coupe perpendiculairement la « Grande Branche »
se prolonge sur 150 m environ vers le Sud (« Galerie
de Gignac »). A ce niveau,
le sol est encombré de nombreuses strates effondrées de la voûte.
La galerie principale, moins large car dédoublée par un réseau supérieur,
toujours descendante et au sol sablonneux, s’évase petit à petit et
prend de fort belles dimensions. Lorsque
la pente devient à pau près nulle, on atteint un des points statégiques
de la cavité, c’est-à-dire l’intersection de la « Petite
Branche », point de départ d’une galerie conduisant au réseau
Nord de cette cavité dans laquelle circule,au fond de la « Grande
Diaclase », le ruisseau du Cabrier. Au niveau du « Lac
des Paresseux », laisse d’eau temporaire située au départ
de ce réseau, nous sommes à la cote -31 m et à 235 m de l’entrée.
C’est
à cet endroit précis qu’il faut quitter la « Grande Branche »
si l’on a choisi de visiter le Réseau Nord.
En
continuant la « Grande Branche » c’est-à-dire la galerie
la plus vaste face à soi et dont le sol est encombré d’un amas
important de strates effondrées, on atteint
« La Forêt », groupement stalagmitique imposant flanqué
au centre de la galerie. Ce dernier franchi, on bifurque ensuite
brusquement au Nord dans un vaste élargissement, sorte de galerie toute
en hauteur formée à la faveur d’une belle faille dont on remarque le
vestige du miroir. Après un parcours resserré entre ce miroir et le
remplissage qui encombre cette galerie on accède à une nouvelle
galerie bien moins haute mais plus large, d’abord en pente sur des
coulées, puis sur des blocs effondrés issus d’un magnifique broyage
de voûte.
Au
sortir de cette dernière et en son point bas, on débouche dans la
salle du « Grand Pilier ».
A
ce niveau nous sommes à la cote
-33 m, à 391 m de l’entrée et au point de départ d’une vaste
galerie remontante (Sud-Sud-Est) ensablée, conduisant au bord d’une
margelle dominant d’une quinzaine de mètres la galerie de al faille
précédemment décrite. La salle du « Grand Pilier » (20m x
15 m) comme son nom l’indique est flanquée en son extrémité Nord
d’une formation stalagmitique très classique à la base de laquelle
un petit ressaut de 1,50 m permet de descendre sur des coulées vers la
galerie du « Résevoir ».
La descente qui lui fait suite, très abrupte, s’effectue dans une galerie spacieuse (12
m x 5 m) sorte de conduit incliné encombré de blocs soudés par la
calcite.
En
son point bas on atteint la « Salle
du Lac » ou du « Réservoir »
où, à la cote
-53 m, stationne après les précipitations
saisonnières, un vaste plan d’eau issu de la mise en charge de la
« Galerie du Réservoir » qui lui fait suite. En
prolongement de cette salle, la cavité, qui prend brusquement
l’orientation Sud-Sud-Ouest, se poursuit par une belle galerie légèrement
descendante et au sol sablonneux. Au bout d’une cinquantaine de mètres
cette dernière, qui se rétrécit progressivement, est coupée par un
petit ressaut de 1,50 m au bas duquel on débouche à -78
m dans une petite salle (6 m x 5 m) creusée dans la brèche
tectonique et ocupé par un important monticule de sable. En hauteur,
par une escalade de 6,50m, on atteint le départ d’un petit boyau étroit
d’une trentaine de mètres de long remontant vers l’Est jusqu’à
la cote -63 (Réseau du G.S.N.C.).
Au
point le plus bas du monticule e sable, un passage se prolonge par une
petite galerie diaclase dans le plafond de laquelle prend départ un
nouveau boyau très étroit sur une vingtaine de mètres. Un nouveau
passage bas ensablé conduit enfin à deux salles (« Salles
du Sable ») (10 m x 6 m) et (12 m x 7 m) en partie cmblées
par des dunes de sable et au point le plus bas desquelles un petit plan d’eau siphonnant stoppe la progression (cote -83 m). Ces
salles ne sont accessibles qu’en période de sécheresse et
constiyuent le point maximum pénétrable de cette branche de la cavité
dont le développement est de 575
m à partir de l’entrée.
LA « PETITE BRANCHE »
Le
réseau de la « Petite
Branche », bien visible sur la droite de la « Grande Branche » à
235 m de l’entrée,
débute par une galerie de 2,50 m x 2 m, occupée temporairement par une
laisse d’eau (Lac des Paresseux).
Au bout de quelques mètres celle-ci s’élargit (5 m x 1,20 m) et le
plafond s’abaisse, nécessitant une marche courbée. Quelques blocs au
sol (strates décollées) encombrent cette dernière. Sur la droite se
greffent deux petites galeries étroites (le « Shunt ») rejoignant la « Grande Branche ». Juste au niveau de
la plus importante, la galerie principale s’élargit (3 m x 3 m) après
un coude sur la gauche et s’incline en pente. Au
point le plus bas on se trouve au « Lac
du Bain », grosse laisse d’eau souvent siphonante interdisant alors
l’accès au réseau. Des traces de niveaux d’eau visibles sur les
parois montrent qu’il s’agit en fait d’une grande vasque résultant
de l’accumulation de l’eau provenant (dans des circonstances de
crues bien précises) d’une fissure de paroi en relation directe avec
la surface. L’été
ce passage est souvent à sec.
On
remonte ensuite sur une belle croupe stalagmitique suivie d’un redan
de 1 m 50 pour se trouver au « Lac
des Draperies », nouvelle laisse d’eau (celle-ci permanente)
que l’on franchit sur la gauche et en vire en s’aidant des
nombreuses concrétions qui poussent sur les coulées stalagmitiques.
L’eau atteint ici 2 m de profondeur au centre.
Au
niveau de ce lac, deux petits réseaux de galeries issus du « Réseau Nord »
(Galerie Supérieure)
viennent se greffer sur la « Petite Branche ». Au sortir de
ce lac, la galerie continue plus haute que large laissant apparaître
les belles strates inclinées du Séquanien. Quelques concrétions et
piliers stalagmitiques occupent cette dernière qui s’abaisse
subitement au niveau d’un passage où l’on remarque au sol de petits
galets bien polis par les eaux. Une laisse occupe parfois ce passage. On
remonte ensuite sur des blocs soudés par la calcite. Le sol devient
horizontal et l’on arrive face à une étroiture qui permet de se
glisser sur la gauche entre une coulée stalagmitique et la paroi de la
galerie.
Au-delà
on débouche dans une salle d’effondrement encombrée de gros blocs
dans laquelle on remarque à nouveau les strates bien litées du
Rauracien (pendage à 40). Face à soi, entre les blocs, un passage
surbaissé donne sur une galerie large mais basse (3 à 5 m) ornée
d’une forêt de concrétions à travers lesquelles il faut progresser
(Salle des « Mille
Colonnes ») pour
atteindre dans le sens de la déclivité un point bas dans lequel, parmi
les galets, s’ouvre la « Boîte aux Lettres ». A cet endroit, la roche à nu et polie
montre quelques belles formes d’érosion.
La
« Boîte aux Lettres »
permet d’accéder au Réseau Nord (Grande
Diaclase et Réseau parallèle).
La
« Petite Branche » quant à elle se poursuit par une galerie
remontante jusqu’à - 17 m où un élargissement notable flanqué de
quelques concrétions permet de progresser sur une vingtaine de mètres.
Au-delà de cette galerie un boyau surbaissé et un petit redan donnent
accès à une petite salle dont le prolongement conduit vers une
nouvelle salle dans laquelle, au Sud-Ouest, un boyau devient impénétrable
au bout de 7 m de progression. Cette salle constitue l’ancien terminus
de cette branche de la cavité prolongée par une désobstruction du
C.L.P.A. les 26/08 et 02/09/1984. A l’Est, un boyau étroit conduit à
cette désobstruction qui donne accès à la « Salle de l’Ours »
(6 m x 6 m x 2 m) terminus actuel situé à 573
m de l’entrée de la cavité. Le courant d’air présent dans
cette salle indique ici une possibilité de jonction de cette partie de
la cavité avec le Grand Boulidou, distant d’une soixantaine de mètres
seulement (travaux du C.L.P.A. en cours).
LE RESEAU NORD
La
« Boîte aux Lettres »,
sorte de passage subvertical étroit de 3 m de long, se franchit
facilement en se glissant à sa sortie côté gauche, ceci afin d’éviter
le ressaut de 2 m qui lui fait suite.On
prend pied ainsi sur une coulée stalagmitique.
Face
à la « Boîte aux Lettres », une croupe stalagmitique
qu’il faut franchir, masque une galerie de belles dimensions, (5 m x 5
m) avec broyage de faille à la voûte. A l’extrémité de cette dernière,
deux départs se présentent :
*
Le passage à hauteur
d’homme sous une strate, donne dans une petite salle (5 m x 4 m), dans
le plafond de laquelle, à 2 m de hauteur prend départ un boyau étroit
permettant d’accéder à la « Galerie
Parallèle »
anciennement dénommée « Galerie Supérieure ».
*
Le passage inférieur donne
accès à la « Grande Diaclase ».
LA « GRANDE
DIACLASE »
Ce
réseau débute par une petite galerie basse (2 m x 1,50 m) faisant
office de gour temporaire et dans laquelle on remarque un concrétionnement
typique avec niveau d’eau visible à 0,80 m de hauteur. A mi-parcours
de cette dernière on remarque un beau miroir de faille incliné ainsi
que le broyage de voûte l’accompagnant. Après passage d’une courte
laisse d’eau, on remonte parmi des blocs soudés par la calcite pour
redescendre immédiatement vers un passage bas dans les concrétions. Ce
parcours est assez accidenté et chaotique. Nouvelle descente de
quelques mètres conduisant vers une étroiture entre une coulée
stalagmitique et la paroi. La roche dolomitique est colorée en noir par
le manganèse. De nombreuses chailles apparaissent dans le Bajocien.
Au-delà de ce passge la galerie sans forme précise s’élargit, se rétrécit
à nouveau et se prolonge par un couloir bas (aspect
toujours noirâtre de la
roche).
Une
nouvelle descente dans les blocs et un passage surbaissé conduisent sur
deux départs.
Celui
du haut, dans les blocs, permet d’accéder au pied d’un élargissement
se prolongeant en hauteur en cheminée-diaclase. Son escalade, qui
permet de s’élever de 5 à 6 m, s’effectue facilement en utilisant
une vire inclinée. Au sommet de cette dernière on prend pied dans un
nouvel élargissement avec un point bas impénétrable (6 m x 4 m). La
continuation peu visible s’ouvre à hauteur d’homme, juste au-dessus
du point où l’on prend pied.
On
s’engage à la verticale dans un passage étroit (dédoublé), sorte
de boîte aux lettres se prolongeant à l’horizontale. On se trouve
alors face à une étroiture assez pittoresque en diaclase plus
impressionnante que difficile à franchir. A partir de ce niveau
commence un parcours très typique qui consiste à suivre le plan incliné
d’un miroir de faille attaqué par la corrosion, et à progresser dans
l’espacement parfois resserré ouvert par la tectonique. On s’engage
dans ce passage dos contre la paroi de gauche, les pieds sur une petite
vire et l’on progresse tout en gardant le même niveau. La diaclase étroite
se prolonge, impénétrable en son point bas. On atteint ainsi un élargissement
de 2 à 2,50 m de large dont le point bas est jonché de blocs.
Au-delà
la progression plus facile se fait sur une dizaine de mètres et à
l’horizontale sur des lames d’érosion et des blocs. Ce parcours
conduit à un nouveau départ en diaclase du même type que le précédent
(60 cm de large) qui se franchit de la même façon, à l’horizontale
et en gardant le même niveau.
A
partir de cet endroit on entend au loin le bruit sourd du ruisseau du Cabrier vers lequel on se dirige (une belle lame décollée
matérialise le départ de ce passage). Le miroir de faille est ici très
corrodé et présente quelques placages de brèches. Au bout de quelques
mètres (5 m environ) on descend (en utilisant les aspérités corrodées
de la roche) vers un plan horizontal (coulée de calcite sur la gauche)
que l’on parcourt sur 5 m environ. On remonte à nouveau sur 3 m pour
redescendre de 7 à 8 m dans un bel élargissement(1m à 1 m 50 de large) et à la faveur des marches naturelles formées
par la stratification.
On
atteint un point bas de 3 m de large environ encombré de blocs,
rapidement prolongé par une nouvelle remontée en escalade (facile) qui
permet de s’élever au même niveau que précédemment (attention, gros
blocs instables).
La
diaclase atteint ici 2 à 3 m de largeur. Au sommet de cette dernière
les proportions restent les mêmes et l’on progresse sur de gros blocs
presque à l’horizontale sur une dizaine de mètres. Les parois se
resserrent et un nouveau passage étroit en diaclase que l’on franchit
sans s’élever et en gardant le même niveau se présente. Ici la
diaclase se prolonge en hauteur et la corrosion est intense. La paroi du
miroir devient plus lisse et s’élève à plus de 15 m. Le bruit du
ruisseau du Cabrier n’est plus perceptible. A la suite de cette
diaclase le passage d’un point resserré avec lames d’érosion donne
au bas d’une escalade de 5 à 6 m encombrée de blocs à sa sortie.
On
se trouve alors face à deux passages possibles. Prendre celui du bas
sous un gros bloc coincé entre les parois. Ce dernier donne sur un
petit redan de 1 m au bas duquel à hauteur d’homme on s’engage face
à soi dans la diaclase qui se poursuit et s’élargit. On aboutit
ensuite dans un élargissement notable encombré de gros blocs effondrés
laissant apparaître la roche à nu et des veines de calcite. De
nombreuses cupules d’érosion affectent les parois du miroir. Derrière
ces blocs la cavité se prolonge par un petit redan de 1 m 50 qui permet
de déboucher dans une galerie (4 m x 2 m) taillée dans le calcaire du
Rauracien. A son extrémité, on retrouve à nouveau le miroir et l’on
perçoit nettement le bruit du ruisseau du Cabrier qui se fait de plus
en plus proche.
En
hauteur, sur une coulée, la progression ici assez facile se poursuit
toujours en galerie
(1,50
m x 3 m). La diaclase plonge en profondeur et absorbe le ruisseau que
l’on atteint après une courte descente sur des lames d’érosion
tranchantes. Ce dernier sort d’un orifice impénétrable. a ce niveau
un beau pan du miroir est décollé de la paroi. En s’élevant de
quelques mètres au-dessus du ruisseau on atteint une sorte de petite
salle au sol jonché de gros blocs corrodés. En regardant vers le Sud
(en se tournant donc) on peut observer un fort bel aspect du miroir.
Au-delà de cette salle le ruisseau forme une petite cascade issu
d’une nouvelle petite salle et d’un petit plan d’eau horizontal.
On
poursuit la progression entre les deux parois de la diaclase, au-dessus
du ruisseau qui court sous les blocs, pour atteindre un passage à
hauteur d’homme. Ce dernier franchit, on retrouve le ruisseau qui à
nouveau résurge d’une fissure impénétrable. Au-dessus, nouveau
passage étroit en hauteur suivi d’un petit couloir coupé par une étroiture
occupée en partie par le ruisseau. En s’engageant dans cette dernière
on débouche spectaculairement sur un grand plan d’eau (« Grand
Lac Nord ») profond occupant le point bas d’une salle
diaclase (« Salle du Lac ») constituant le terminus de cette première
partie de réseau de la « Grande Diaclase ».
Ce
plan d’eau qui n’est autre qu’un siphon constitue l’obstacle le
plus important de ce réseau. Ce dernier est en fait constitué de trois regards plus ou moins profonds qu’il convient de bien connaître avant de tenter toute immersion.
Le plan d’eau par lequel s’effectue la plongée (siphon « Bournier ») n’est pas situé dans la « Salle
du Lac ». Pour l’atteindre il faut s’élever au-dessus de
cette salle en escalade (facile) et atteindre un balcon au niveau duquel
débouche le « Réseau
Parallèle ».
Sur
la gauche prend départ une galerie creusée dans la dolomie (formes
typiques de creusement). Celle-ci donne accès à deux plans d’eau. Le premier se trouve au bas d’un petit ressaut prolongé par une
conduite de 1,50 m x 1,50 m donnant sur une diaclase. Le second, un peuplus
loin dans la galerie, est accessible par une série de petits ressauts.
Les dimensions sont plus importantes que la conduite menant au plan
d’eau précédent. Au bas de ces ressauts un passage en vire de 7 à 8
m de long au-dessus du plan d’eau permet d’atteindre un petit réduit
dont le point bas est occupé par un petit plan d’eau circulaire té est de
la « Petite Branche » et positionne l’entrée de la cavité.
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