La Grotte du Sergent Chapitre III Par Daniel CAUMONT
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CHAPITRE 1 : INTRODUCTION : GEOLOGIE, HYDROGEOLOGIE CHAPITRE 2 : LA GROTTE DU SERGENT CHAPITRE 3 : LE BOULIDOU DU SERGENT CHAPITRE 4 : LA GROTTE DU SERGENT : CAVITE ECOLE CHAPITRE 5 : BIBLIOGRAPHIE |
LE BOULIDOU DU SERGENT HISTORIQUE -
Les travaux du SCAL : Un chantier courageux et démesuré.. Bien
que très proche de la Grotte du Sergent, le « Boulidou »
est une cavité peu connue repérée par le S.C.A.L. en 1959. Ce
qui reste de ce chaos aujourd’hui n’est pas comparable à ce qui existait
ce jour-là et c’est justice que de rendre hommage à l’équipe du
S.C.A.L. (ABADIE, BAUDE, CHARRIERE, GANIVET, JOUGLA, LACOMBE, LIAUTAUD,
MONTEL, RAMPON, Melle RIGAUD, SAQUET, SERPOLLET, VALETTE) qui durant
plus de 11 ans au cours d’inombrables séances de désosbstruction
tenta d’en venir à bout. La
récompense ne sera certes pas à la hauteur du chantier réalisé et le
Boulidou qui se défend très bien ne livre ce jour-là, hélas,
qu’une centaine de mètres de galeries étroites, terminant par un
siphon. -
Les travaux du C.L.P.A. Le
29 mai 1982, c’est-à-dire 12 ans plus tard, une équipe du C.L.P.A.
intéressée par le contexte de la Grotte du sergent (J.P. BLAZY, C.
JORDAN) visite cette cavité, constate la présence d’un siphon, et
projette son exploration en plongée. Le
17 juillet de la même année le transport délicat et difficile du matériel
de plongée est effectué (B. PIPLARD, J.M. COLOMAR, E. RUBI, D. CAUMONT)
et le siphon, ce jour légèrement désamorcé est franchi. Au-delà la
progression est stoppée par une lucarne étroite. Le
24 juillet cette lucarne est court-circuitée par un passage siphonant
(C. JORDAN, J.P. BLAZY). Le
12 août, une ligne électrique est installée depuis l’entrée de la
cavité jusqu’au siphon dont la voûte
est attaquée à la perforatrice (D. CAUMONT, S. NURIT, A.
POUGET). Le
14 août deux dynamitages sont effectués à cinquante mètres de
l’entrée de la cavité pour court-circuiter une étroiture en hauteur
et faciliter l’accès du nouveau réseau. Le
15 août, la topographie de l’entrée jusqu’au siphon est effectuée
ainsi qu’un dynamitage au-dessus de ce dernier. Le
21 août, la désobstruction du siphon terminée rend possible
l’exploration en équipe des galeries reconnues par J.P. BLAZY le 24
juillet. Le
1er octobre 1983, J.P. BLAZY, D. BARRAL, J.L. GALERA, progressent de 60
m au-delà du chaos de la rivière et continuent l’exploration
complexe du réseau supérieur (100 m). -
Les travaux actuels et d’avenir De
nombreuses explorations sont actuellement en cours dans cette cavité
comme dans la Grotte du Sergent pour tenter de « jonctionner »
ces deux cavités qui en réalité n’en font qu’une. En effet, la
disposition des galeries remontantes du « Grand Boulidou »
indique qu’au moins deux possibilités de jonction pourront être réalisées
à l’avenir. DESCRIPTION
DES GALERIES a)
Galeries découvertes par le S.C.A.L. C’est
par un petit orifice de 0,50 sur 0,70 situé au centre d’un important
chaos de blocs que l’on pénètre dans cette cavité. Le
second (ouvert à l’explosif par le C.L.P.A. pour court-circuiter le
premier passage) permet plus facilement d’accéder à la suite de la
cavité dont il court-circuite une quinzaine de mètres de galeries. b)
Les galeries découvertes par le C.L.P.A. La
partie gauche du siphon dans laquelle on progresse en opposition permet
d’atteindre une étroiture au ras de l’eau dans laquelle il est nécessaire
de se faufiler. Au
sortir de ce boyau, la rivière, qui coule sur un lits de galets et de
gravillons, disparaît dans une galerie diaclase inclinée dans laquelle
il est possible (par un passage latéral et supérieur) de progresser
sur une trentaine de mètres. A
partir de cet endroit plusieurs possibilités se présentent : En
contre-bas, parmi les blocs et les concrétions effondrées on accède
à une salle colmatée par une importante accumulation de sable. A
partir de cette dernière la cavité continue toujours en hauteur. Deux
passages sont alors possibles : -
Dans l’axe même de cette diaclase un laminoir permet de déboucher
dans une petite salle (3 m x 10 m de hauteur) décorée par quelques
coulées issues de la voûte. -
Sur la droite, une galerie de 2 m de diamètre prolongée dans sa partie
inférieure par un laminoir incliné, permet d’accéder à cette même
salle. Dans
son prolongement une escalade délicate de 8 m, sur une coulée inclinée,
donne accès à un carrefour à partir duquel la cavité devient
labyrinthique. Trois
possibilités se présentent : -
Face à soi, une galerie diaclase en forte pente permet d’atteindre au
bout de 25 mètres de progression, une cheminée argileuse de 8 m dont
le sommet constitue le point le plus haut atteint dans cette cavité
(+80 et 551 m de l’entrée). -
Sur la gauche, une salle (3 m x 2 m) occupée en son centre par un
pilier stalagmitique livre accès à deux passages possibles :
* Le premier, sur la gauche, par un ressaut de 2 m 50 donne sur
une galerie ensablée dont l’extrémité est obstruée par une trémie
de blocs. Terminus Est de ce réseau (+50 et 498 m de l’entrée).
* Le second, de parcours beaucoup plus complexe mais aux
dimensions parfois importantes (6 m x 3 m) se termine par plusieurs
conduits labyrinthiques étroits (+61 et 548 m de l’entrée). -
En hauteur, une salle concrétionnée à partir de laquelle il est
possible de rejoindre les différents passages décrits surmonte
l’ensemble. LES
PERSPECTIVES D’EXPLORATION SPELEOLOGIQUE DU
SYSTEME BOULIDOU - SERGENT L’exploration
du réseau souterrain amont et aval de la Grotte du Sergent est loin
d’être terminée et présente encore quelques possibilités non négligeables. PERSPECTIVES
AVAL *
Jonction de la Grotte du Sergent avec le « Grand Boulidou » Cette
jonction, possible après quelques travaux de désobstruction, porterait
le développement de la Grotte du Sergent à plus
de 4 000 mètres (-104 m) et ferait de cette cavité la plus
importante en développement des Monts de Saint-Guilhem. Pour
ce faire, trois possibilités se présentent : -
soit par la « Petite
Branche » et la « Salle de l’Ours » découverte
par le C.L.P.A. (moins de 50 m en distance et à la même cote sont à
faire) ; -
soit par un réseau de galeries
étroites situées sous la « Boîte aux Lettres » ; -
soit encore, ce qui est plus problématique, par la « Galerie de Gignac ». Dans
les trois cas les circulations d’air (régimes estival et hivernal)
sont tout fait conformes au système de tube à vent exercé par les
deux orifices inférieur et supérieur. *
Autres possibilités a)
Grande Branche -
La « Galerie de Gignac » peut comme nous le précisons plus
loin, donner dans le « Grand Boulidou » et se prolonger vers
l’aval vers la Source du Cabrier. -
L’escalade de cheminées et de réseaux remontants dans la « Galerie
du Réservoir » peut donner accès à un étage abandonné en
rapport avec le système des Grottes Charlotte et du Cochon - sises sur
la vire supérieure du Cirque de
la Balaïssade - et permettre de franchir du même coup le siphon
terminal de cette galerie. L’exploration
de la partie amont de ce point bas ensablé situé 32 m au-dessus des
Sources du Cabrier et du Roulet permettrait de retrouver l’aquifère
profond à son niveau normal d’étiage et d’explorer un beau réseau
probablement exondé. b)
Réseau Nord -
La jonction de la Grande Chaminée (cote + 23 m) de la « Galerie
Parallèle » avec la surface permettrait l’accès de ce réseau
en crue et ainsi d’importantes observations sur le comportement de la
rivière. De
plus, l’accès au siphon Nord avec du matériel de plongée pourrait
être bien moins pénible que par l’accès normal. -
Le franchissement éventuel du Siphon Nord pourrait renseigner sur le
prolongement de la « Grande diaclase » au-delà de cet
obstacle c’est-à-dire vers les Avens du Roc de la Jarre, de
Belle-Aure et éventuellement de la Capitelle, cavités situées dans
l’axe Nord de cette galerie, à respectivement 900, 1 300, et 2 000 mètres
de distance. -
La désobstruction de l’amorce d’une galerie NNE située une
cinquantaine de mètres en amont du siphon Bournier semble s’imposer. Elle
nous paraît prolonger vers l’amont le « Réseau Parallèle »
sur lequel s’est greffé postérieurement un tronçon de la « Grande
Diaclase ». *
Possibilités du « Grand Boulidou » Cette
cavité présente à notre avis trois importantes possibilités : 1)
Vers l’aval, c’est-à-dire
vers la Source du Cabrier. Ce
prolongement est motivé par une lacune de plus de 800 m entre le
« Grand Boulidou » et les Sources du « Roulet »
et du « Cabrier » et surtout par l’existence d’un massif
assez imposant dans lequel il est évident que se développe un réseau
de galeries pénétrables (des trous souffleurs sont connus sur ce
trajet). De
plus, il est probable que l’exploration de cet aval permette de
recouper un système amont orienté vers le cirque de la Balaïssade et
en relation avec l’aquifère profond. Il
faudra toutefois : -
franchir le siphon de la cote -104 vers l’aval (si celui-ci se révèle
bien entendu pénétrable); -
découvrir un passage au sommet de la diaclase
prolongeant en hauteur ce siphon, ou encore au-dessus de la salle
« Suzanne POUGET » dans le dédale conduisant vers la Grotte
du Sergent. 2)
Vers l’Amont (vers la
« Grande Diaclase »). Entre
la perte du ruisseau (-31) de la « Grande Diaclase » et le débouché
de ce dernier dans le « Grand Boulidou » un potentiel
d’environ 400 m de galeries reste à pénétrer. Dire
que cette jonction sera un jour effectuée implique qu’un passage plus
évident que celui exploré jusqu’à présent soit découvert. Toutefois
nous pensons que cette expolration s’impose et ceci pour plusieurs
raisons : D’une
part pour compléter la lacune existante entre les deux cavités,
d’autre part pour tenter de franchir le niveau de la « Petite
Branche » au-delà de laquelle, et vers le NNE, un prolongement
important du « Grand Boulidou » n’est pas impossible. -
Positionnement de la « Grotte du Sergent » au-delà de la
faille dite du « Sergent » (ou de l’Estagnol) qui détermine
la position de l’entrée de cette cavité. -
Positionnement du « Grand Boulidou » en deçà de cette même
faille c’est-à-dire dans le compartiment inférieur. Le
passage de cette faille et son franchissement par la rivière
souterraine, de la cote -31 à la cote -84 (soit 53 m de dénivellé),
c’est-à-dire d’un compartiment (Bajocien) à l’autre, confirme
bien l’hypothèse d’une greffe de la « Grande Diaclase »
sur le « Grand Boulidou » et surtout, ce qui est fort intéressant,
l’existence probable d’un prolongement de cette cavité vers le NNE,
c’est-à-dire dans le compartiment abaissé (Bathonien) de cette
faille. La
reprise de la coloration de l’Aven 4 du Mas d’Agres (ou une cavité
du secteur) avec contrôle du ruisseau de la « Grande Diaclase »
permettrait de toute évidence de résoudre cette énigme cette énigme. REALISEES
PAR LE S.C.A.L.
PERSPECTIVES
AMONT Au-delà
de la Grotte du Sergent et sur le contexte amont plusieurs cavités nous
paraissent intéressantes quant à l’avenir de ce réseau. -
L’AVEN DE LASPOURDOUX
(voir planche topo) Situé
sur l’extrémité Sud-Sud-Ouest de la Plaine de Lacan en rive droite
de la Combe Arnaud, cette cavité constitue de toute évidence un élément
important quant à la pénétration du réseau amont de la « Grande
Branche » sur lequel elle est stratégiquement située. Sa
coloration nous paraît indispensable et très intéressante à réaliser.
Celle-ci permettrait non seulement de délimiter assez précisément les
bassins des sources du Verdus et du Cabrier mais aussi de « marquer »
éventuellement (si les conditions hydrologiques choisies pour cette expérience
sont favorables) le plan d’eau du « Lac » (aquifère
profond) de la « Grande Branche » du Sergent. De
nouveaux travaux de désobstruction dans cette cavité (déjà portée de - 69 m à -155 m par le G.S.F.R.M. devraient permettre de
gagner encore en profondeur et de compléter l’exploration d’un beau
complexe souterrain, à l’origine probable e la capture amont de la
Combe Arnaud. -
L’AVEN DE LA CAPITELLE Situé
sur la Plaine de Lacan, non loin du Pont d’Agres cet aven de -450
m (désobstrué par le G.D.F.R.M.) (cavité la plus profonde du département
de l’Hérault), positionné dans le prolongement amont de la
« Grande Diaclase », traverse pratiquement toute la tranche
calcaire des Monts de Saint-Guilhem. Son
point bas (145 m d’altitude) situé nettement au-dessous (37 m) du
plan d’eau siphonnant de cette galerie (182 m) indique a priori son
indépendance par rapport au réseau Nord (écoulement superficiel) de
cette grotte. L’aquifère
profond, dont la cheminée d’équilibre est représentée par la
« Galerie du Réservoir », nous paraît plutôt concerné
(109 m). Ces
remarques, qui n’ont de sens bien entendu qu’en période d’étiage,
indiquent que le point bas de cet aven est a priori en liaison avec
l’aquifère profond. Il
n’est pas exclu qu’une exploration plus poussée de cette cavité
puisse permettre d’accéder à un réseau supérieur intéressant la
« Grande Diaclase » vers laquelle il est possible qu’en
hautes eaux s’établisse un reflux de l’aquifère profond. -
L’AVEN DU ROC DE LA JARRE Situé
sur le versant Est de la crête du Roc de la Jarre et objet de désobstructions
de la part du C.L.P.A.,
cette petite cavité portée de -7 à -30
est située sur le trajet amont de la « Grande Diaclase ». Sa
position stratégique dans l’axe et à mi-distance entre l’Aven de
la Capitelle et le siphon terminal de cette galerie, indiquent que cette
cavité est en liaison directe avec le réseau amont du Sergent. La
poursuite des travaux de désobstruction s’impose. -
L’AVEN DE BELLE-AURE
(voir planche topo) Autre
cavité située en amont de la « Grande Diaclase » et sur le
versant Ouest du Roc de la Jarre, cet aven constitue un point pénétrable
important à ne pas négliger. Des
travaux récents entrepris par le S.C.A.L.
(P. Jacquier) ont permis de prolonger cette cavité de -150 à -164 m. -
LES CAVITES DE LA COMBE DES FRERES Plusieurs
cavités explorées par le S.C.A.L.,
notamment les grottes 1, 2 et 3
du Cochon, bien situées au-dessus et non loin du terminus de la
« Grande Branche » constituent des cavités importantes et
stratégiques quant à la pénétration de la partie amont de cette
branche du Sergent. -
LES CAVITES DU MAS D’AGRES ET DE COMBE LOUET Les
avens du secteur du Mas d’Agres sont à prendre en considération dans
le cadre d’un complément d’étude de cette région, notamment après
reprise de la coloration d’une cavité de ce secteur. Si,
comme nous le supposons, le colorant passe par un autre endroit,
c’est-à-dire par l’embase du massif du Roc de la Vigne, il faudra
prendre en considération l’existence d’un réseau se développant
au droit de la faille de l’Estagnol. Il
y aurait lieu dans ce cas de porter
une attention particulière à la partie amont du « Grand
Boulidou » dans laquelle pourrait s’effectuer le débouché de
ce réseau, ainsi que dans la Beaume-Cellier, cavité à ne pas négliger. L’Aven
de la Capitelle pourrait donc être exclue du système du Mas d’Agres
et être directement en rapport avec l’aquifère profond comme nous
l’avons précédemment supposé. -
GROTTE DE BEAUME CELLIER Cavité
abandonnée Mio-Pliocène, cette grotte très connue, suspendue (212 m)
au-dessus et au Nord du Grand Boulidou, pourrait réserver quelques
surprises.
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