GEOGRAPHIE ET PAYSAGE

    LE CAUSSE VIOLS-LE-FORT - CAZEVIEILLE (1/6)

Photo : vue partielle du versant sud très boisé du pic Saint-Loup (secteur du "bois des moines")

 PAYSAGE

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LE PIC SAINT-LOUP ET LE CAUSSE VIOLS LE FORT - CAZEVIEILLE

 Le Causse Viols-Le-Fort - Cazevieille plus familièrement connu sous le nom de plaine de Seuilles (et non plaine des Feuilles...!) est caractérisé dans le paysage des garrigues par le relief hardi du pic Saint-Loup dont les 658 m se dressent au-dessus de grandes étendues chaotiques de lapiazs où s'enracine une solide végétation de chênes verts.

ACCES AU PIC ST-LOUP  (panoramique sur le causse de Viols)

A partir de Montpellier : Prendre la route N.986 (route de Ganges) jusqu'à St Gély-du-Fesc (11 Km 500), continuer direction Ganges sur 6 Km environ. Après le croisement des Matelles et une petite cote on arrive au niveau de l'ancienne auberge du "Relais des Chênes" située au début d'une longue ligne droite qui raye le causse.

A partir de Gignac (N.109). Prendre la direction d'Aniane, de Puéchabon puis de Viols-le-Fort par la D.32.

A Viols-le-Fort, extrémité ouest du causse et limite avec la montagne de la Selette continuer la D.32 vers Saint-Martin de Londres. Au croisement de Roussières (1Km après Viols-le-Fort) se diriger vers Viols-en-Laval (château de Cambous).

UN GEANT DOMINATEUR

Du sommet de ce géant dont on aperçoit la silhouette de Montpellier (Promenade du Peyrou) et vers le sud le causse Viols-le-Fort – Cazevieille se présente tel un vaste plateau hérissé d'un cortège de collines (Puech de Caucaliés, Les Suques, La Malarasse, bois de Sauzet) d'aspect monotone évoquant notamment sur ses bordures septentrionales et méridionales quelques dunes de sable aux formes souples et arrondies couvertes de chênes verts.

Les puissantes racines de ces avant-monts entaillés de ravins et de combes longues et sinueuses (Déridière, combe de Mortiés) s'orientent vers la plaine verdoyante de Prades-le-Lez au sein de laquelle les pittoresques villages de Saint-Jean de Cuculles et des Matelles s'abritent du Nord.

A l’ouest, et en direction de Viols-Fort puis vers le sud, la région du Pic Saint-Loup englobe un ensemble de petites unités géographiques (Le Closcas, bois de l'Asse, Boscorre), découpées par un important réseau hydrographique (ruisseau de Saugras, de Corbières, de la Garonne, de la Mosson) dont les bassins d'Aniane, Montarnaud et Grabels constituent les prolongements méridionaux.

L’ensemble de ce soubassement méridional du Pic Saint-Loup est comparable à une vaste dalle incluse dans un triangle de 35 km2 compris entre les villages des Matelles,  Cazevieille et Viols-le-Fort.

A sa base, occupée par le bois de l'Ane et la plaine de Seuilles, la route D.986 (Montpellier-Ganges) raye le causse du nord-est au sud-ouest en une longue ligne droite sur laquelle viennent se greffer la D.113 et la D.113e, petites routes qui permettent de relier les communes de Cazevieille et Viols-en-Laval et Viols-le-Fort.

Un réseau de chemins et de pistes récentes anciennement utilisées par l'armée (aujourd'hui ONF) permet de s'engager au-delà de la civilisation en plein coeur de cette belle région, où les troupeaux, entre deux exercices militaires, viennent paître paisiblement.

Du "Relais des Chênes", il est possible de traverser le causse perpendiculairement par un chemin carrossable qui conduit de Viols-le-Fort par les ruines de l’abbaye de Calages (privé) et les fermes de Lavit et Prax. On rejoint ainsi la D.127, route sinueuse qui traverse les bois des Cabourilles et de Caravettes pour gagner Murles, dernier village situé au sud-sud ouest du causse.

 Note : Nous avons volontairement dissocié ce causse de son prolongement morphologique (montagne de la Selette) naturel au-delà de l’accident  ouest-sud-ouest – est-nord-est du Pic St-Loup au niveau de l’axe mas de Bouis, Viols-le-Fort, comme le propose J.-F. BRUN (3).  La faille du Mazet a l'ouest de Viols en constituant la limite Ouest.

1 - Le Saint-Loup, la plaine de Seuilles et ses contreforts ravinés

Le pic Saint-Loup marque de son empreinte hardie le paysage d'ensemble de ce secteur limité à un triangle compris entre son sommet (658m) au nord, la ferme de la Pourcaresse  à l'ouest, et le village des Matelles au sud.

Dominée par ce "géant des garrigues" de quelques 300 m de hauteur la plaine de Seuilles qui s'étale à la base de son versant méridional se divise en deux zones morphologiquement bien distinctes :

Photo : L'étendue aplanie par l'érosion de la plaine de Seuilles a la base su Pic Saint-Loup (DC)

- Au sud-sud-ouest de l'échine principale du massif et du village de Cazevieille se développe une grande plaine coiffée par quelques coteaux (coteau de Las, 269m, La Malarasse, coteau 298, coteau du Sauzet). Au centre de cette plaine légèrement déclive, les domaines de Roubiac et de Seuilles occupent une situation privilégiée non loin de la "vieille route" Montpellier-Ganges, ancienne draille reliant autrefois les villages des Matelles et Saint-Martin de Londres.

Si les phénomènes karstiques de cette plaine sont assez épars contrairement aux autres secteurs du causse, le coteau de Las et le bois de Sauzet dévoilent par contre de superbes lapiazs chaotiques et de nombreuses cavités sans doute parmi les plus travaillés de ce causse.

Continuité évidente de la chaîne du Saint-Loup qui de 652 m passe à 402 m au signal de la tour de Cazevieille, puis à 315 m au réservoir de la Pourcaresse, le bois de Sauzet concentre sur 4 Km2 environ un karst particulièrement dense et fracturé. La grotte de la Fausse-Monnaie -110), l'aven de la Fortune (-91), l'aven de l'asperge (-78) et l'aven de la Beaume-Saignier (-90) y occupent richement le contexte que nous considérons comme l'amont d'un grand drainage souterrain qui s'exerce en direction de la partie basse de la Plaine de Seuilles (secteur Coteau de Las - Tourne Bouteille).

- Au sud-sud-ouest du pic Saint-Loup et du village de Cazevieille, dans un triangle compris entre les villages de Cazevieille, Saint-Jean de Cuculles et Les Matelles, le massif constituant l'amont de cette de cette vaste plaine située en contrehaut de la combe liasique de Mortiés présente une coalescence d'amorce de ravins encaissés et asséchés (Rendauduc, Yorgues) dont les débouchés sur la plaine du Triadou contribuent à grossir temporairement les ruisseaux aériens du Terrieu et du Lirou. Les plus incisants cependant dans la masse calcaire sont ceux de Peyrebrune et des Moines, lesquels donnent naissance au long et sinueux cours de la Déridière rejoint en aval par l'entaille discrète du ravin de Caucolières.  

C'est à partir de la ferme de la ferme de La Figarède (Alt 270 m), que le ravin de la Déridière aux nombreuses et profondes sinuosités entaille le bois de l'Olivier et le bois des Moines. Il traverse ainsi sur 5 Km environ les contreforts jurassiques (Dogger et Oxfordiens) du causse lesquels viennent butter (karst barré) au niveau du village des Matelles contre les marno-calcaires du Valanginien (Alt : 90 m). Les ravins de Chaillié et de Caucolières contribuent à élargir le lit de ce dernier, au centre duquel 1200 m au nord-ouest du village des Matelles, s'ouvrent une série de boulidous temporaires (Grand Boulidou des Matelles, Boulidous de Caucolières et de la Déridière). Complexe souterrain maillé par des plans d'eau siphonnants qui développe sur plus de 3500 mètres de vastes et très caractéristiques galeries.

 

 

 

photo :

Dans son ensemble ce soubassement raviné du causse est très intéressant du point de vue spéléologique. Il constitue à notre avis la zone charnière (flux-reflux) du système du système de débordement des réseau Lirou-Lez. L'orientation nord-nord-est - sud-sud-ouest du ruisseau de Déridière, en accord parfait avec la structure des faisceaux tectoniques cévenols, laisse à penser que c'est dans cette région que pourrait se résoudre le problème spéléologique de la source du Lez. Entendons par là, sa relation (delta souterrain) avec la faille de Corconne au droit d’un grand collecteur qui reste bien entendu entièrement à découvrir. En ce sens il nous parait important de tenir compte de deux possibilités :

- L'une concernant la partie inconnue entre le siphon terminal de l'évent de la Caucolières (siphon amont) et l'aven de la Barraque (siphon aval) sur le parcours de laquelle pourrait s'exercer une branche de ce delta via la faille de Corconne et son extension vers la faille des Matelles, ensemble développé sous aux grands ravins (Moines, Rendauduc, St-Roman)

-L'autre concernant le contact direct jurassique - crétacé de la faille des Matelles, karst théoriquement barré mais susceptible de développer un systèmes de galeries sur lequel viendrait dans le secteur de Notre-Dame des Champs rencontrer un des lus importants collecteurs du système.

2 - Le bois de l'Abric (Devois des Boeufs, Planasse de la Bure, Pourcaresse)

Limitée au nord par le signal de la Pourcaresse (Alt : 265m), à l'est par la D.986 (point de flexure tectonique) et à l'ouest par la D.32, ce secteur de 8 Km2 est le moins important en superficie de l'ensemble du causse. Il n'en est pas pour autant inintéressant puisqu'il concentre, entre les fermes de la Pourcaresse et le château de Cambous un nombre considérable de cavités réparties particulièrement dans le bois de l'Abric. Zone dépressionnaire affectée de nombreuses dolines, le bois de l'Abric situé sur la continuité anticlinale du Saint-Loup est en tout point comparable au bois de Sauzet dont il constitue le prolongement vers l'ouest. Lapiazs chaotiques, diaclases profondes, marmites d'érosion, bouches imposantes d'avens (aven Vidal, avens "14" et "15" de Gennevaux, aven "NW" du bois de Cambous) abondent sur une superficie de 2 km2 dont le point bas à 250m d'altitude s'ouvre sur une légère combe nord-nord-ouest - sud-sud-est qui s'évase en direction du bois de l'Olivier.

De la montagne de la Pourcaresse à la base de laquelle sur le flanc marneux nord-ouest naît la source de Termeneau, à la ferme de la Roussières, la dénivellation passe de 329 m à 242 m. Elle indique une nouvelle inclinaison de cette région vers la cuvette de Saint-Martin de Londres (Devois des Boeufs) empruntée par le ravin de Termeneau. Entre les villages de Viols-le-Fort et Viols-en-Laval, les plaines de la Rouvière et des Claparèdes, zones autrefois intensément cultivées et  qui constitue des prolongements morphologiques évident de la plaine de Seuilles (niveau d'aplanissement) sont marquées par une dépression très nette dominée par les contreforts du massif de la Selette. Cette dépression concentre des cavités "pertes" de toute première importance sur le réseau des Fontanilles (Avens 1 et 2 de Roussières).

3 - La plaine de Cambous (bois de l'Abric et de l'Olivier)

La plaine de Cambous, région comprise entre les villages de Viols-le-Fort, la ferme de Cantagrils et l'ancienne auberge du "Relais des Chênes" occupe une superficie de 20 Km2 située entre le bois de l'Abric au nord et le vaste massif du bois de Valène au sud, autre unité qu'il convient d'individualiser en raison de sa particularité topographique.

Traversée d'est en ouest par la D.127e, qui de Viols-le-Fort à la route D.986 dessert les fermes de Prax, Lavit puis pénètre dans la partie la plus sauvage du causse vers l'abbaye de Calages, cette région dominée par quelques collines aux formes monotones (Les Suques, alt : 263m, 231m) se présente sous l'aspect d'une grande dalle calcaire. Lapiazs chaotiques et pierriers nivelés par l'érosion, alternent avec une parfaite régularité avec de grandes étendues éparses jadis cultivées. Cette région est un terrain militaire. 

La « terra-Rossa », argile de décalcification y colmate de nombreuses dolines et diaclases et envahit bon nombre de cavités dont celles particulièrement nombreuses qui se groupent dans le secteur de la classique grotte de Gennevaux (avens Brigitte, de Minuit, du Triangle etc..) Dans ce secteur de 4 km2 environ on dénombre plus d'une cinquantaine de cavités. Cette région dont l'accès est facilité par la proximité de l'axe routier (D.986) est incontestablement la plus riche en cavité du causse. Plus au sud et au-delà des ruines de  l'abbaye de Calages, l'accès étant plus difficile et la végétation plus dense (surtout aux abords du bois de Valène), la plaine de Cambous est beaucoup moins riche car un peu moins prospectée.

Au sud-ouest, la vallée verdoyante de Saugras adossée au bois Noir et arrosée par la source de la Cure constitue la limite ouest de cette région que nous avons volontairement séparée pour plus de compréhension du bois de Valène et de ses unités périphériques.

4 - Le bois de Valène

Vaste bourrelet inaugurant au sud les contreforts méridionaux du causse Viols-le-Fort - Cazevieille, le bois de Valène s'étire sur plus de 8 km longitudinalement  du nord-nord-est - sud-sud-ouest entre le ravin de Caucolières et la plaine de Montlobre. C'est contre le versant méridional de dernier que s'adossent les nouvelles constructions du village de Saint-Gély du Fesc.

Ponctué par quelques éminences massives (La Taillade de Conques, Alt : 297, bois des Laurèdes, Alt : 286 m, Le Closcas, Alt : 273 m) et entouré de collines (mont Bourras, bois des Traverses, bois de l'Aven, bois de Cabourilles) cette vaste région très boisé au sein de laquelle trône la bergerie des Tribes est cependant bien irrigué  par un réseau de chemins et pistes. Il n'en reste pas moins méconnu car en retrait de la D.986.

C'est à partir des villages de Combaillaux et Murles que son accès est le plus pratique et qu'il convient d'y accéder.

Paysage où abondent lapiazs chaotiques, pierriers à perte de vue, le bois de Valène est peu riche en cavités. Seuls les secteurs des bergeries des Plantiers, des Tribes et des Bessières, en recensent quelques unes.

La végétation assez dense et de ce fait son impénétrabilié semble être à l'origine de ce déficit qui sera sans nul doute comblé dans les années à venir lorrsque des coupes de bois y seront entreprises. Ce tapis végétal très important transporté par les lapiazs au fond des cavités est fort probablement d'ailleurs à l’origine de l’importante nappe de gaz carbonique rencontré (à moindre profondeur) dans les cavités du secteur depuis quelques années.  Une invitation a la prudence surtout en été où ce dernier se manifeste dés les premiers mètres de profondeur (-8 a l'aven de l'Aspro au-dessus des Matelles).