Les cavités Mio-Pliocéne
Elles sont assez nombreuses et
caractéristiques du modèle régional : puits d’entrée assez vaste, cône
d’éboulis, galeries, salles dont certaines peuvent être imposantes, enfin,
colmatages d’éboulis, de calcite massive, argile de décalcification. Les
plus spectaculaires si l’on peut dire et surtout par leurs formes
d’érosion sont situées sur la partie caussenarde proprement dite, les
avens du Séras (des Robert), de la Figairolles, du Buquet, grotte des Calles, de
la Rabassiére.
Sur les versants de la Vis et du bloc Caucanas-Le
Serre-Anjeau ce sont les grottes du Cingle de l’Elze, de la caverne du
Maure et d’Anjeau qui en sont les plus évocatrices.
Les cavités Plio-quaternaires
L’aven de Rogues est sans aucun
doute la cavité type de cette phase dont les étapes d’enfouissement dans
le karst sont repérables sur les versants de la Vis médiane au niveau des
systèmes étagées qui s’ouvrent au sein même et dans l’environnement direct
du ravin de la Rouveyrolle (aven du Puech, aven-perte Philippe, grotte du
ravin de la Rouveyrole, grotte de la Sardine). On y retrouve en effet les
niveaux respectifs de ses galeries et ceci à partir de la partie
supérieure du causse.
On notera cette configuration comme
exceptionnelle pour l’ensemble des gorges en l’état actuel des
explorations. Cette stratigraphie à « ciel ouvert » pour ainsi dire de
l’aven de Rogues est bien calée dans la zone intensément fracturée
correspondant au faisceau de la faille Avéze-Montdardier-Madières,
c’est-à-dire entre les exurgences de la Magnanerie et l’évent de la
Tuillède, exutoires pérens aval les plus importants du réseau. On y
constate une intense activité hydrologique temporaire, hormis celle très
importante du ravin de la Rouveyrolles, notamment la mise en charge par
étape des cavités citées situées au-dessus de l’évent de la Magnanerie.
L’aven des Albarons situé au nord du
causse et au-delà de l’accident médian de Montdardier présente les même
caractéristiques que l’aven de Rogues. Il permet d’atteindre un niveau de
galeries vers la côte –123. Malheureusement l’état actuel des explorations
se heurte au propriétaire des lieux qui bouche régulièrement l’entrée très
étroite de la cavité.
La coloration d’un écoulement de cet
aven à la côte –140 rejoint à l ‘étiage l’exsurgence de Las Fons. En
hautes eaux, un débordement spectaculaire s’effectue au profit de la Foux
de la Vis (5). L’aven de la Mouche (-97) secteur de la perte de Belfort,
l’aven du Camping de Montdardier l’aven-perte de Perrarinnes font partie
des cavités de ce type.
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Vue sur le causse |
La coloration d’un écoulement de cet
aven à la côte –140 rejoint à l ‘étiage l’exsurgence de Las Fons. En
hautes eaux, un débordement spectaculaire s’effectue au profit de la Foux
de la Vis (5). L’aven de la Mouche (-97) secteur de la perte de Belfort,
l’aven du Camping de Montdardier l’aven-perte de Perrarinnes font partie
des cavités de ce type.
LES CAVITES
PHARES
L’aven de Rogues.
Avec ses 7500 m
de développement et ses 260 m de profondeur, cet aven demeure la cavité la
plus importante du causse. Comme nous l’avons signalé par ailleurs, elle
est un archétype de hiérarchisation du karst plio-quaternaire (6) au sein
du causse. Sa modélisation : Une entrée d’effondrement suivi d’un système
de puits relayés par des méandres aboutissant sur un niveau subhorizontal
(côte moyenne –120 à –130) de galeries fossiles accidentées par quelques
laisses temporaires suspendues. Quelques amonts permettent d’effleurer la
surface du causse voire même de sortir. Ce plancher correspond a un faciès
marneux localisés des séries callovo-oxfordiennes comprenant des passées
dolomitisées. Lacéré de fractures ce réseau horizontal permet d’atteindre
par crans successifs des niveaux inférieurs vers lesquels convergent les
écoulements et où la progression est difficile et ingrate (Grand
Collecteur, Réseau de Pâques).
L’ensemble des galeries de la cavité
se développe vers le nord à contresens c’est-à-dire à l’opposé des gorges
de la Vis. Elle s’alignent grossièrement dans l’axe de l’accident qui
sépare les calcaires du callovo-oxfordien du causse des dolomies
bathonienne du Bloc Caucanas-Le-Serre-Anjeau. Ses parties basses de par
lesquelles s’effectuent la convergence des circulations pérennes et
temporaires (grand collecteur, réseau de Pâques) et pratiquement dans
l’axe vertical de la cavité stationnent sur des plans d’eau siphonnant
importants vers la côte 220-260. A ce niveau, un nouveau plancher marneux
complique l’exploration qui se stabilise sur ces obstacles (réseau du
hasard) seulement 100 mètres en dénivelé au-dessus du delta des
exsurgences. Il correspond grossièrement au plancher de la grotte de la
Sardine, cavité située au-dessus de l’évent de la Magnanerie, et dont le
réseau développe 500 mètres de galeries en direction de l’exsurgence de la
Tuilède et en parfaite adéquation topographique avec ce dernier (N.N.E).
Les perspectives d’exploration du
réseau de l’aven de Rogues et de sa partie aval vers l’aval nous parait
liée non pas à la poursuite de l’exploration des siphons du réseau du
Hasard, à notre avis logistiquement complexe à mettre en place, mais à
l’interrogation plus poussée de cette cavité qui comporte un trou
souffleur notable.
Deuxième entrée de l'aven de
Rogues (aven du Rouquairol)
L’aven des Albarons (voir bibliographie)
Situé en deçà de l’accident majeur qui divise le causse en
deux blocs hydro-spéléologique et dans la zone intensément karstifiée de
Perrarinnes cet aven fera sans doute à l’avenir sérieusement concurrence a
l’aven de Rogues. La cote de –160 actuellement atteinte dans ce dernier ne
peut être en effet considérée comme définitive. Cette profondeur, comme
nous l’avons relaté par ailleurs, correspond au plancher classique des
séries callovo-oxfordiennes du causse sur lequel se développe un tissus
important réseau de galeries.
Ce sont par ces derniers et leur nombreuses ruptures
verticales (puits de recoupement) que l’accès aux réseaux actifs qui
drainent cette partie du causse peuvent être atteints, à l’exemple de
l’aven de Rogues.
La coloration de cette cavité apparue à la fois à
l’exsurgence de Las Fons, à la source de la Fontasse (Chèvres d’Arre) et à
la Foux de la Vis montre tout l’intérêt qu’il faut porter à son
exploration, voire à celle de son environnement immédiat (secteur de
Perrarines). Car, bien que ces résultats aient été obtenus lors de
précipitations exceptionnelles, hasard des conditions météorologique
durant l’expérience, ils ne sont pas sans conséquence sur le plan des
explorations spéléologiques.
Ils démontrent incontestablement que la source la source de
Las Fons, la plus basse de la vallée de l’Arre draine à l’étiage la partie
orientale du causse calée entre l’accident d’Avéze et la faille d’Arre
(accident d’extension plurikilomètrique du Linguas jusqu’à la Montagne
Noire). Mais aussi et surtout que cet accident sur lequel est positionnée
la source de la Fontasse et l’évent des Chèvres d’Arre joue un rôle
hydrogéologique de toute première importance.
En hautes-eaux, le calibrage des exutoires de la vallée de
l’Arre ne permettant pas de contenir les crues, celles-ci refluent,
franchissent le seuil hydraulique du causse (côte à définir) et se
confondent à celles du bassin versant drainée par la Foux de la Vis
(aquifère généralisé). C’est
ensuite selon la nature des apports concernant l'aquifère généralisé les
exutoires des Chèvres d’Arre et ceci par un nouveau
changement de versant.
Cette chronologie tout à fait surprenante correspond
classiquement à l’ennoiement général du karst, lequel contribue à la mise
en charge généralisée des exutoires situés sur le pourtour du massif. Au
niveau spéléologique on retiendra donc l’intérêt de poursuivre
l’exploration de l’aven des Albarons. A l’état actuel des explorations,
cette cavité présente la morphologie d’un affluent mineur du réseau de la
source de Las Fons dont le collecteur, quand à lui, intéresse un système de
plus grande importance. Ce collecteur concerne les évents des Chêvres d’Arre
derrières lesquels se cachent une très importante cavité.
Quoi qu'il en soit, le réseau qu'il reste à découvrir et
sur lequel l'aven des Albarons présente une situation privilégié, est d'une
très grande importance. Il est un élément clé du causse de Blandas. L'avenir devrait y révèler un des plus importants
complexe souterrain des Grands-Causses.
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L’aven de la Mouche
Cette cavité fait partie des cavités de la région orientale
du causse de Blandas rigoureusement bien positionnée. D’abord parce
qu’elle est située sur la franche même du très important accident
Arre-montagne Noire, au cœur même d’une zone très importante de pertes
temporaires (perte de Belfort, avens du Quintanel), ensuite parce-qu’elle
permet avec ses –97m de dépasser la côte classique des nombreux avens du
secteur. Bien que situé une centaine de mètres plus haut que l’aven des
Albarons on y retrouve la même morphologie de puits, voire la même rudesse
d’exploration. Le courant d’air fil conducteur de l’exploration indique la
présence d’un réseau sous jacent très important dont nous avons fait
allusion précédemment. La seule différence avec l’aven des Albarons porte
sur le fait que cet aven se trouve très prés du collecteur principal de ce
réseau que nous identifions comme une charnière hydrogéologique entre la
vallée de l’Arre et la vallée de la Vis. L’intérêt de poursuivre
l’exploration de cette cavité (ou d’une cavité du secteur !) quelles que
soient les difficultés rencontrées est évident car il devrait permettre de
mettre le doigt sur un vaste complexe de plusieurs kilomètres de
développement. Hormis les drains semi-noyés qui devraient théoriquement y
être rencontré, la possibilité d’explorer un amont fossile vers le ravin
d’Aurières et le Trou Souffleur du Crouzet (Caves aux Fées) ainsi que
plusieurs aval nous paraît d’un enjeu tout à fait exceptionnel. Nous
classons ce réseau sur lequel l’aven des Albarons est bien entendu un des
éléments essentiels comme un des plus importants à découvrir des
Grands-Causses.
- La Follatière, l’Aouglanet, Rocalte,
- Les cavités du causse
- Les exsurgences
La totalité des exutoires qu'ils soient temporaires ou
pérennes sont situés non loin du lit de la Vis et a une côte d'altitude
rarement supérieure à plus de 20 m au-dessus de cette dernière. Un seul,
l'évent de l'Aouglanet dont nous aborderons plus loin le cas particulier
échappe à cette règle. Ce que l'on peut considérer comme une généralité
s'explique par l'adaptation de tous les réseaux au niveau actuel de
creusement du canon.
Cet ajustement, se vérifie bien dans la partie médiane de
ce dernier, a l'Event de Rocalte, à l'Event de la Follatière, au Cambon, a
Troutchenques, et même dans sa partie inférieure où de nombreuses
exsurgences jouxtent carrément la rivière. A Madières les résurgences de
la Tuillède et de la Magnanerie s'ouvrent directement au contact des
calcaires de l'Oxfordien et du Lias marneux. L'absence du Bajocien dans ce
secteur des gorges explique cette anomalie.
Les exsurgences principales et plus particulièrement celles
de la rive gauche (coté Blandas) sont surmontés par de nombreux conduits
fossiles ou semi-actifs étagés qui traduisent parfaitement l'évolution du
réseau dans la tranche du causse. Cette disposition est typique sur les
zones de fracturation notamment à Madiéres sur le passage du faisceau
Cévenol où l'on note un étagement caractéristique des cavités (grotte de
la Rouveyrolle, grotte de la Sardine, évent de la Magnanerie). Certaines
cavités de haut niveau peuvent même fonctionner par un système d'auto-captures
dû à la présence proche de grands ravins actifs affectés de pertes (aven
Philippe- grotte de la Rouveyrolle -grotte de la Sardine).
Vis inférieure
Les réseaux souterrains de cette partie des gorges de la
Vis et particulièrement ceux de la rive droite, côté Séranne ont un
fonctionnement lié au drainage général du massif du roc Blanc vers la
source de l'Avéze à Brissac. La mise en charge des évents (Rodel, Gorniés)
correspond en régime de hautes-eaux au débordement du synclinal des Euzes
vers les exutoires de la Vis qui fonctionnent alors comme trop plein de
cette source.
En rive gauche, le schéma est plus complexe. De Madières à
Gorniés les exutoires drainent la partie du causse de Blandas parallèle à
la faille de Rogues. La source du Castelas, la plus basse est le point
d'aboutissement du système le plus important dont l'évent du mas Neuf
constitue le trop plein. Les autres exutoires (Plantayrel, Reynes,
Caucanas, Goutal etc..) ont une origine locale.
Sur le secteur du massif de la Tude et du pic d'Anjeau, le
système de la rivière souterraine du Bousquet en liaison avec l'évent de
Carteyrals est le plus important de la rive gauche.
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Le Pic d'Anjeau et son
contexte |
Le Pic d'Anjeau
NOTES :
(2)
En face du porche de la Follatière, sur l'autre rive deux importantes
émergences retiennent l'attention. La première, la plus spectaculaire est
une vasque bleutée située a la base d'un cirque rocheux séparée de la Vis
par une barrière de tufs. Ce site discret et paradisiaque qu'aucune forme
karstique proche annonce est celui de l'émergence de Gourneyras. Son plan
d'eau de plus de quinze mètre de diamètre donne sur large puits d'une
quarantaine de mètre de profondeur, véritable paradis des plongeurs
locaux. (voir exsurgence de Gourneyras, chapitre : Causse du Larzac)
(3) Le positionnement de
l’exsurgence de la Tuillède qui naît au contact de cet accident lequel
détermine le coude important un brutal de la Vis est particulièrement
éloquent. On constate que c’est l’arasement du versant qui a mis à jour
l’orifice de cette cavité et ouvert son orifice par tronçonnement d’une
galerie laquelle faisait sans doute à l’origine partie intégrante du
réseau de la Follatière.
(4) cette coloration a intéréssée
aussi la Foux de la Vis et la Source de la Fontasse.
(5) Coloration DC Albarons à
détailler
(6) L’aven du Fonctionnaire sur le
causse voisin du Larzac présente la même morphologie.
(7) Nous formulons quelques doutes
quant à cette coloration et à l’appartenance de cette cavité au réseau de
l’aven de Rogues
( ?) L'origine des eaux qui
s'écoulent en crue de cette émergence est totalement indépendante de sa
voisine émergence de Gourneyrou, situé 300 m en aval sur la même rive,
dont les eaux sont issus du massif de Puech-Agut, distant de 4000 m au
Sud.
BIBLIOGRAPHIE
MAZAURIC (F.) -1910-
Recherches
spéléologiques dans le département du Gard (1904-1909) : Le Larzac et les
origines de la Vis, Spélunca, 1 ère série, Tome VII n°60. p.4 à 42.
AMBERT (P.), COULET (E), FABRE (G.) -1978-
Le Causse de Blandas et les gorges de la Vis, C.E.R.H., mémoire n°13,
travaux E.R.A. 282, 1977-1978, n°7. Montpellier.
CAUMONT (D.) -1981-
Bref aperçu des activités spéléos de recherche effectuées par la section
spéléo du CLPA de Montpellier dans les gorges de la Vis, bulletin du
Comité Départemental de Spéléologie du Gard (CDS 34), n°22, p.110-114.
CAUMONT (D.) -1981-
Sur quelques caractéristiques hydrogéologiques et spéléologiques du massif
de la Séranne (rive droite des gorges de la Vis), "Grands-Causses",
Annales des 6 et 7èmes congrès des Grands Causses, Millau. p. 79-110.
CAUMONT (D.) -1981-
Approche spéléologique
du système de la Foux de la Vis, Spélunca 5 ème série n°1, p.13 à 18.
VILLEMEJEANNE (R.) -1993-
Bibliographie
spéléologique du causse de Blandas-Montdardier, (162 pages, 427 références
de 1777 à 1992)).
Sur l'aven des Albarons
(coloration) :
CAUMONT (D.) -1991-
Un cas de
diffluence souterraine sur les Grands-Causses : La coloration de l'aven
des Albarons. et le réseau des Chèvres d'Arre. (Causse de Blandas -30-)
. Actes du XIXeme congrés national de Spéléologie. Montpellier 1991.
p.86-91. (Coupe de l'aven des Albarons).
D.Caumont
(à suivre - en construction)
page préc. |