Spéléologie

LE CAUSSE DE BLANDAS -2-

 

 

Les cavités Mio-Pliocéne

Elles sont assez nombreuses et caractéristiques du modèle régional : puits d’entrée assez vaste, cône d’éboulis, galeries, salles dont certaines peuvent être imposantes, enfin, colmatages d’éboulis, de calcite massive, argile de décalcification. Les plus spectaculaires si l’on peut dire et surtout par leurs formes d’érosion sont situées sur la partie caussenarde proprement dite, les avens du Séras (des Robert), de la Figairolles,  du Buquet, grotte des Calles, de la Rabassiére.

Sur les versants de la Vis et du bloc Caucanas-Le Serre-Anjeau ce sont les grottes du Cingle de l’Elze, de la caverne du Maure et d’Anjeau qui en sont les plus évocatrices.

 Les cavités Plio-quaternaires

L’aven de Rogues est sans aucun doute la cavité type de cette phase dont les étapes d’enfouissement dans le karst sont repérables sur les versants de la Vis médiane au niveau des systèmes étagées qui s’ouvrent au sein même et dans l’environnement direct du ravin de la Rouveyrolle (aven du Puech, aven-perte Philippe, grotte du ravin de la Rouveyrole, grotte de la Sardine). On y retrouve en effet les niveaux respectifs de ses galeries et ceci à partir de la partie supérieure du causse.

On notera cette configuration comme exceptionnelle pour l’ensemble des gorges en l’état actuel des explorations. Cette stratigraphie à « ciel ouvert » pour ainsi dire de l’aven de Rogues est bien calée dans la zone intensément fracturée correspondant au faisceau de la faille Avéze-Montdardier-Madières, c’est-à-dire entre les exurgences de la Magnanerie et l’évent de la Tuillède, exutoires pérens aval les plus importants du réseau. On y constate une intense activité hydrologique temporaire, hormis celle très importante du ravin de la Rouveyrolles, notamment la mise en charge par étape des cavités citées situées au-dessus de l’évent de la Magnanerie.

L’aven des Albarons situé au nord du causse et au-delà de l’accident médian de Montdardier présente les même caractéristiques que l’aven de Rogues. Il permet d’atteindre un niveau de galeries vers la côte –123. Malheureusement l’état actuel des explorations se heurte au propriétaire des lieux qui bouche régulièrement l’entrée très étroite de la cavité.

La coloration d’un écoulement de cet aven à la côte –140 rejoint à l ‘étiage l’exsurgence de Las Fons. En hautes eaux, un débordement spectaculaire s’effectue au profit de la Foux de la Vis (5). L’aven de la Mouche (-97) secteur de la perte de Belfort, l’aven du Camping de Montdardier l’aven-perte de Perrarinnes font partie des cavités de ce type.

 

Vue sur le causse

 

La coloration d’un écoulement de cet aven à la côte –140 rejoint à l ‘étiage l’exsurgence de Las Fons. En hautes eaux, un débordement spectaculaire s’effectue au profit de la Foux de la Vis (5). L’aven de la Mouche (-97) secteur de la perte de Belfort, l’aven du Camping de Montdardier l’aven-perte de Perrarinnes font partie des cavités de ce type.

LES CAVITES PHARES

L’aven de Rogues.

Avec ses 7500 m de développement et ses 260 m de profondeur, cet aven demeure la cavité la plus importante du causse. Comme nous l’avons signalé par ailleurs, elle est un archétype de hiérarchisation du karst plio-quaternaire (6) au sein du causse. Sa modélisation : Une entrée d’effondrement suivi d’un système de puits relayés par des méandres aboutissant sur un niveau subhorizontal (côte moyenne –120 à –130) de galeries fossiles accidentées par quelques laisses  temporaires suspendues. Quelques amonts permettent d’effleurer la surface du causse voire même de sortir. Ce plancher correspond a un faciès marneux localisés des séries callovo-oxfordiennes  comprenant des  passées dolomitisées. Lacéré de fractures ce réseau horizontal permet d’atteindre par crans successifs des niveaux inférieurs vers lesquels convergent les écoulements et où la progression est difficile et ingrate (Grand Collecteur, Réseau de Pâques).

L’ensemble des galeries de la cavité se développe vers le nord à contresens c’est-à-dire à l’opposé des gorges de la Vis. Elle s’alignent grossièrement dans l’axe de l’accident qui sépare les calcaires du callovo-oxfordien du causse des dolomies bathonienne du Bloc Caucanas-Le-Serre-Anjeau. Ses parties basses de par lesquelles s’effectuent la convergence des circulations pérennes et temporaires (grand collecteur, réseau de Pâques) et pratiquement dans l’axe vertical de la cavité stationnent sur des plans d’eau siphonnant importants vers la côte 220-260. A ce niveau, un nouveau plancher marneux complique l’exploration qui se stabilise sur ces obstacles (réseau du hasard) seulement 100 mètres en dénivelé au-dessus du delta des exsurgences. Il correspond grossièrement au plancher de la grotte de la Sardine, cavité située au-dessus de l’évent de la Magnanerie, et dont le réseau développe 500 mètres de galeries en direction de l’exsurgence de la Tuilède et en parfaite adéquation topographique avec ce dernier (N.N.E).

Les perspectives d’exploration du réseau de l’aven de Rogues et de sa partie aval vers l’aval nous parait liée non pas à la poursuite de l’exploration des siphons du réseau du Hasard, à notre avis logistiquement complexe à mettre en place, mais à l’interrogation plus poussée de cette cavité qui comporte un trou souffleur notable.

Deuxième entrée de l'aven de Rogues (aven du Rouquairol)

L’aven des Albarons (voir bibliographie)

Situé en deçà de l’accident majeur qui divise le causse en deux blocs hydro-spéléologique et dans la zone intensément karstifiée de Perrarinnes cet aven fera sans doute à l’avenir sérieusement concurrence a l’aven de Rogues. La cote de –160 actuellement atteinte dans ce dernier ne peut être en effet considérée comme définitive. Cette profondeur, comme nous l’avons relaté par ailleurs, correspond au plancher classique des séries callovo-oxfordiennes du causse sur lequel se développe un tissus important réseau de galeries.

Ce sont par ces derniers et leur nombreuses ruptures verticales (puits de recoupement) que l’accès aux réseaux actifs qui drainent cette partie du causse peuvent être atteints, à l’exemple de l’aven de Rogues.

La coloration de cette cavité apparue à la fois à l’exsurgence de Las Fons, à la source de la Fontasse (Chèvres d’Arre) et à la Foux de la Vis montre tout l’intérêt qu’il faut porter à son exploration, voire à celle de son environnement immédiat (secteur de Perrarines). Car, bien que ces résultats aient été obtenus lors de précipitations exceptionnelles, hasard des conditions météorologique durant l’expérience, ils ne sont pas sans conséquence sur le plan des explorations spéléologiques.

Ils démontrent incontestablement que la source la source de Las Fons, la plus basse de la vallée de l’Arre draine à l’étiage la partie orientale du causse calée entre l’accident d’Avéze et la faille d’Arre (accident d’extension plurikilomètrique du Linguas jusqu’à la Montagne Noire). Mais aussi et surtout que cet accident sur lequel est positionnée la source de la Fontasse et l’évent des Chèvres d’Arre joue un rôle hydrogéologique de toute première importance.

En hautes-eaux, le calibrage des exutoires de la vallée de l’Arre ne permettant pas de contenir les crues, celles-ci refluent, franchissent le seuil hydraulique du causse (côte à définir) et se confondent à celles du bassin versant drainée par la Foux de la Vis (aquifère généralisé).  C’est ensuite selon la nature des apports concernant l'aquifère généralisé les exutoires des Chèvres d’Arre et ceci par un nouveau changement de versant.

Cette chronologie tout à fait surprenante correspond classiquement à l’ennoiement général du karst, lequel contribue à la mise en charge généralisée des exutoires situés sur le pourtour du massif. Au niveau spéléologique on retiendra donc l’intérêt de poursuivre l’exploration de l’aven des Albarons. A l’état actuel des explorations, cette cavité présente la morphologie d’un affluent mineur du réseau de la source de Las Fons dont le collecteur, quand à lui, intéresse un système de plus grande importance. Ce collecteur concerne les évents des Chêvres d’Arre derrières lesquels se cachent une très importante cavité.

Quoi qu'il en soit, le réseau qu'il reste à découvrir et sur lequel l'aven des Albarons présente une situation privilégié, est d'une très grande importance. Il est  un élément clé du causse de Blandas. L'avenir devrait y révèler un des plus importants complexe souterrain des Grands-Causses.

 

L’aven de la Mouche

Cette cavité fait partie des cavités de la région orientale du causse de Blandas rigoureusement bien positionnée. D’abord parce qu’elle est située sur la franche même du très important accident Arre-montagne Noire, au cœur même d’une zone très importante de pertes temporaires (perte de Belfort, avens du Quintanel), ensuite parce-qu’elle permet avec ses –97m de dépasser la côte classique des nombreux avens du secteur. Bien que situé une centaine de mètres plus haut que l’aven des Albarons on y retrouve la même morphologie de puits, voire la même rudesse d’exploration. Le courant d’air fil conducteur de l’exploration indique la présence d’un réseau sous jacent très important dont nous avons fait allusion précédemment. La seule différence avec l’aven des Albarons porte sur le fait que cet aven se trouve très prés du collecteur principal de ce réseau que nous identifions comme une charnière hydrogéologique entre la vallée de l’Arre et la vallée de la Vis. L’intérêt de poursuivre l’exploration de cette cavité (ou d’une cavité du secteur !) quelles que soient les difficultés rencontrées est évident car il devrait permettre de mettre le doigt sur un vaste complexe de plusieurs kilomètres de développement. Hormis les drains semi-noyés qui devraient théoriquement y être rencontré, la possibilité d’explorer un amont fossile vers le ravin d’Aurières et le Trou Souffleur du Crouzet (Caves aux Fées) ainsi que plusieurs aval nous paraît d’un enjeu tout à fait exceptionnel. Nous classons ce réseau sur lequel l’aven des Albarons est bien entendu un des éléments essentiels comme un des plus importants à découvrir des Grands-Causses.

- La Follatière, l’Aouglanet, Rocalte,

- Les cavités du causse

- Les exsurgences

La totalité des exutoires qu'ils soient temporaires ou pérennes sont situés non loin du lit de la Vis et a une côte d'altitude rarement supérieure à plus de 20 m au-dessus de cette dernière. Un seul, l'évent de l'Aouglanet dont nous aborderons plus loin le cas particulier échappe à cette règle. Ce que l'on peut considérer comme une généralité s'explique par l'adaptation de tous les réseaux au niveau actuel de creusement du canon.

Cet ajustement, se vérifie bien dans la partie médiane de ce dernier, a l'Event de Rocalte, à l'Event de la Follatière, au Cambon, a Troutchenques, et même dans sa partie inférieure où de nombreuses exsurgences jouxtent carrément la rivière. A Madières les résurgences de la Tuillède et de la Magnanerie s'ouvrent directement au contact des calcaires de l'Oxfordien et du Lias marneux. L'absence du Bajocien dans ce secteur des gorges explique cette anomalie.

Les exsurgences principales et plus particulièrement celles de la rive gauche (coté Blandas) sont surmontés par de nombreux conduits fossiles ou semi-actifs étagés qui traduisent parfaitement l'évolution du réseau dans la tranche du causse. Cette disposition est typique sur les zones de fracturation notamment à Madiéres sur le passage du faisceau Cévenol où l'on note un étagement caractéristique des cavités (grotte de la Rouveyrolle, grotte de la Sardine, évent de la Magnanerie). Certaines cavités de haut niveau peuvent même fonctionner par un système d'auto-captures dû à la présence proche de grands ravins actifs affectés de pertes (aven Philippe- grotte de la Rouveyrolle -grotte de la Sardine).

Vis inférieure

Les réseaux souterrains de cette partie des gorges de la Vis et particulièrement ceux de la rive droite, côté Séranne ont un fonctionnement lié au drainage général du massif du roc Blanc vers la source de l'Avéze à Brissac. La mise en charge des évents (Rodel, Gorniés) correspond en régime de hautes-eaux au débordement du synclinal des Euzes vers les exutoires de la Vis qui fonctionnent alors comme trop plein de cette source.

En rive gauche, le schéma est plus complexe. De Madières à Gorniés les exutoires drainent la partie du causse de Blandas parallèle à la faille de Rogues. La source du Castelas, la plus basse est le point d'aboutissement du système le plus important dont l'évent du mas Neuf constitue le trop plein. Les autres exutoires (Plantayrel, Reynes, Caucanas, Goutal etc..) ont une origine locale.

Sur le secteur du massif de la Tude et du pic d'Anjeau, le système de la rivière souterraine du Bousquet en liaison avec l'évent de Carteyrals est le plus important de la rive gauche.

 

 

Le Pic d'Anjeau et son contexte

Le Pic d'Anjeau

NOTES :

 (2) En face du porche de la Follatière, sur l'autre rive deux importantes émergences retiennent l'attention. La première, la plus spectaculaire est une vasque bleutée située a la base d'un cirque rocheux séparée de la Vis par une barrière de tufs. Ce site discret et paradisiaque qu'aucune forme karstique proche annonce est celui de l'émergence de Gourneyras. Son plan d'eau de plus de quinze mètre de diamètre donne sur large puits d'une quarantaine de mètre de profondeur, véritable paradis des plongeurs locaux. (voir exsurgence de Gourneyras, chapitre : Causse du Larzac)

 (3) Le positionnement de l’exsurgence de la Tuillède qui naît au contact de cet accident lequel détermine le coude important un brutal de la Vis est particulièrement éloquent. On constate que c’est l’arasement du versant qui a mis à jour l’orifice de cette cavité et ouvert son orifice par tronçonnement d’une galerie laquelle faisait sans doute à l’origine partie intégrante du réseau de la Follatière.

(4) cette coloration a intéréssée aussi la Foux de la Vis et la Source de la Fontasse.

(5) Coloration DC Albarons à détailler

(6) L’aven du Fonctionnaire sur le causse voisin du Larzac présente la même morphologie.

(7) Nous formulons quelques doutes quant à cette coloration et à l’appartenance de cette cavité au réseau de l’aven de Rogues

( ?) L'origine des eaux qui s'écoulent en crue de cette émergence est totalement indépendante de sa voisine émergence de Gourneyrou, situé 300 m en aval sur la même rive, dont les eaux sont issus du massif de Puech-Agut, distant de 4000 m au Sud.

 

BIBLIOGRAPHIE

MAZAURIC (F.) -1910- Recherches spéléologiques dans le département du Gard (1904-1909) : Le Larzac et les origines de la Vis, Spélunca, 1 ère série, Tome VII n°60. p.4 à 42.

AMBERT (P.), COULET (E), FABRE (G.) -1978- Le Causse de Blandas et les gorges de la Vis, C.E.R.H., mémoire n°13, travaux E.R.A. 282, 1977-1978, n°7. Montpellier.

CAUMONT (D.) -1981- Bref aperçu des activités spéléos de recherche effectuées par la section spéléo du CLPA de Montpellier dans les gorges de la Vis, bulletin du Comité Départemental de Spéléologie du Gard (CDS 34), n°22, p.110-114.

CAUMONT (D.) -1981- Sur quelques caractéristiques hydrogéologiques et spéléologiques du massif de la Séranne (rive droite des gorges de la Vis), "Grands-Causses", Annales des 6 et 7èmes congrès des Grands Causses, Millau. p. 79-110.

CAUMONT (D.) -1981- Approche spéléologique du système de la Foux de la Vis, Spélunca 5 ème série n°1, p.13 à 18.

VILLEMEJEANNE (R.) -1993- Bibliographie spéléologique du causse de Blandas-Montdardier, (162 pages, 427 références de 1777 à 1992)).

Sur l'aven des Albarons (coloration) :

CAUMONT (D.) -1991- Un cas de diffluence souterraine sur les Grands-Causses : La coloration de l'aven des Albarons. et le réseau des Chèvres d'Arre. (Causse de Blandas -30-) . Actes du XIXeme congrés national de Spéléologie. Montpellier 1991. p.86-91. (Coupe de l'aven des Albarons).

 

D.Caumont

(à suivre - en construction)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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